Et oui, après une dizaine de jours à crapahuter dans les Highlands, il fallait bien que notre randonnée le long de la West Highland Way se finisse. Mais elle se finit en beauté…
Jours 0 et 1- De Milngavie à Drymen
Jour 2 – De Drymen à Rowerdennan
Jours 3 à 5 – De Rowardennan à Crianlarich
Jours 6 et 7 – De Crianlarich à Bridge of Orchy
Jours 8 et 9 – De Bridge of Orchy à Kinlochleven
Jour 10 – De Kinlochleven à Fort William (23km)
On se réveille de bonne humeur malgré la pluie. C’est notre dernier jour de randonnée. J’ai du mal à croire que je l’ai fait. Bon avec des pauses, en râlant parfois beaucoup, passionnément, à la folie, mais sans trop de casse.
On prend le petit déjeuner avec Dirk et David. On papote autour d’un full scottish breakfast : baked beans, tomates, champignons, oeufs, bacon, haggis et black pudding. C’est pour ça qu’on n’a pas vraiment besoin de manger au cours de la journée. Mais il est temps de partir. On se salue, en se disant que peut-être on se croisera demain à Fort William. Et certainement au cours de la journée.
La route commence par une montée bien fatigante à travers des petits attroupements d’arbres. Il y a beaucoup de moutons dans cette partie, je n’en avais jamais vus autant sur le chemin. Ils sont habitués à voir les randonneurs et ne sont pas plus perturbés que ça quand on marche à côté d’eux. Plus on grimpe, plus la vue est magnifique malgré la pluie. Le Ben Nevis est là, la tête dans les nuages. On passe à côté d’une maison en ruine. Le toit a été soufflé par le vent, probablement.
Au sommet, on se permet une pause. Il y a des personnes qui servent des boissons chaudes aux randonneurs. Je me sens morose. Les paysages sont monotones aujourd’hui et la pluie n’aide pas. Mon pantalon est mouillé et entre deux bruines, les midges nous dévorent. Mais je me dis qu’on arrive bientôt alors ça vaut le coup.
La dernière ligne droite est tout de même bien sinueuse et s’engouffre dans une dense forêt de conifères. Les sous bois sont envahis de trèfles et j’espère voir un leprechaun… avant de me souvenir que nous sommes en Ecosse. On descend lentement mais sûrement vers la vallée. On dit souvent que les ascensions en randonnée sont fatigantes mais on ne parle jamais assez des descentes. Elles vous crèvent les chevilles. J’ai mal partout et je rêve d’un gâteau au chocolat chaud.
On émerge enfin dans la vallée. La fin est proche, je le sens. On passe devant des vaches toutes fluffy. Les Highland cows. L’une d’elles nous regarde passer avec un oeil fou. Elle hurle à intervalle régulier des meuh psychotiques. Flippant.
On passe devant le camping de Glen Nevis. C’est un bon endroit pour planter sa tente mais avant, on veut voir la fin officielle de la randonnée juste pour une photo. L’obélisque est là, à l’entrée de la petite ville de Fort William. Selfie oblige. Ça y’est, c’est fait, on a marché toute la West Highland Way ! La fierté et la fatigue se mélange.
En posant notre tente au pied de la montagne, on se dit que ce ne serait pas tout à fait fini si on ne grimpait pas le plus haut sommet de Grande-Bretagne. Alors on met un réveil pour demain. Mais d’abord, dodo, on l’a bien mérité.
Jour 11 – L’ascension du Ben Nevis
Pas un nuage en vue. Si si, il y a quelques jours dans l’année comme ça en Ecosse. Aujourd’hui en est un. Tant mieux, on verra mieux du haut du Ben Nevis. En arrivant au tout début du chemin, un panneau met en garde : les températures au sommet ont tendance à diminuer de plusieurs degrés donc mieux vaut être bien couvert. L’ascension des 1344 mètres et le retour prendraient 7 heures. Ok, on a le temps, c’est parti.
On est pas les seuls à avoir eu l’idée. D’un autre côté, c’est la saison haute ici et il fait beau. Il a beaucoup de gens bien équipés, mais aussi d’autres qui le sont beaucoup moins. Il y a des enfants et des beaucoup moins jeunes. Il y a des joggeurs et d’autres qui promènent leur chien. Le Ben Nevis ne serait-il qu’une balade du dimanche ? Le chemin est bien tracé, rocailleux mais pas si dur que ça.
On rigole en voyant le sommet pas si loin que ça. Ils se sont basés sur une mamie de 75 ans pour établir leur temps de randonnée en bas ? De bonne humeur on continue d’avancer avec le sommet se rapprochant de plus en plus. Mais on arrive à un premier plateau et c’est là qu’on se rend compte que le sommet n’est en réalité pas le sommet mais juste un des rochers un peu plus hauts que les autres. On aperçoit bien plus loin des sommets divers et variés. L’impression d’arriver au sommet se fera sentir plus d’une fois et pèse un peu sur les nerfs au bout d’un moment. Celà dit, la vue en vaut la peine. On aperçoit les lochs, les îles environnantes, tout…
Mais on continue jusqu’à arriver à un loch dans une cuve dans la montagne. Il y a même une tente plantée juste à côté. Ca fait quand même pas mal d’emmerdements pour un peu de tranquillité mais bon. L’herbe dispara^tt petit à petit, et les rochers apparaissent. J’adore la couleur de ces pierres. Ce n’est pas vraiment gris, pas vraiment marron. Elles me fascinent. Tant mieux, d’ailleurs, parce qu’elles nous accompagnent pendant un bon moment. Ici et là, il y a même des cairns.
L’envie d’abandonner et de faire demi-tour me prend de temps en temps. C’est décidé, si le prochain sommet n’est pas le dernier, je redescend. Mais on me rassure, il y en a encore un dans un quart d’heure et le suivant, c’est le bon, le vrai, l’ultime. Encore une petite heure et je suis au sommet du monde. Bon, ok, juste du Royaume-Uni. Il y a une petite mare de neiges éternelles sur laquelle les gens se prennent en photo. L’ambiance est de plus en plus détendue au fur et à mesure qu’on s’approche de la fin.
Et enfin, on arrive sur le plateau final et je souffle. Je regarde autour de moi et je souris bêtement. Encore un accomplissement, et pas des moindres ! Je m’émerveille devant le paysage. Les gens se congratulent, s’embrassent et font la queue pour atteindre le fameux 1344ème mètre d’altitude. On sent qu’il fait froid mais j’ai chaud.
On se repose un peu avant de repartir. La descente ne sera pas facile, avec les pierres roulant sous nos pieds mais en attendant, nous sommes là, au sommet et c’est ça qui compte.