La question du logement à Edimbourg est très épineuse : la capitale de l’Ecosse, bien que pas très grande, est très demandée. De ce fait, trouver un logement quand on est un Européen peut vraiment devenir un parcours du combattant. A l’aube de mon quatrième déménagement, je vous livre quelques explications et bons conseils. La majeure partie de l’article est consacrée à la location, je garde l’article « achat » pour la prochaine fois. Et si vous avez un témoignage à apporter sur le sujet, n’hésitez pas à réagir !

Après trois ans de colocation, j’ai eu envie d’habiter toute seule. Je me suis donc mise à la recherche d’un « One bedroom flat », l’équivalent d’un F2 en France. Un salon (la cuisine est parfois séparée, parfois non) et une chambre. J’aurais volontiers pris un studio : cela dit, cela n’existe (presque) pas à Edimbourg. Après avoir essayé d’acheter un logement (ouh le stress) j’ai décidé de continuer à louer pour un moment. Avec beaucoup de chance, j’ai trouvé un petit nid pour le mois d’octobre prochain. Maintenant que la panique est passée, il est temps de raconter.

Et pour rigoler, cet article est illustré de photos de la ville… et de photos d’appartements que j’ai eu la joie de visiter cette année. Non, l’appartement gagnant ne figure pas dans la sélection 🙂

Le logement à Edimbourg : trop de demande, pas assez d’offres

Edimbourg est une ville populaire. Très populaire. La pénurie de logements s’aggrave d’année en année. Il y a différentes raisons à cela, que je développe dans les paragraphes suivants. Je m’en suis violemment rendue compte cette année : les loyers sont exorbitants, et la bagarre assez dure. Il arrive même que les agences fassent monter le loyer aux enchères (on annonce un prix à par exemple £600 par mois, et on demande ensuite aux candidats s’ils sont prêts à monter plus haut). Pas cool. Je parie que même les Parisiens n’ont pas encore entendu parler de cela…

Edimbourg est une ville étudiante

Avec ses trois universités plutôt cool, Edimbourg est une ville qui attire beaucoup d’étudiants. C’est sympa, ça met l’ambiance, mais par contre, ça complique le marché de la location. Plein de nouveaux immeubles sont entièrement dévolus au logement étudiants privés, et bon nombre de propriétaires souhaitent avoir des étudiants, car ils pourront louer leurs logements aux touristes pendant l’été. Les étudiants internationaux sont aussi une forme de concurrence aux locaux et aux résidents permanents car certains d’entre eux ont un pouvoir d’achat très élevé : ils payent déjà leur scolarité plusieurs dizaines de milliers de livres et ne sont donc « pas à ça près » pour leurs frais de logement. Et qui dit ville étudiante dit recherche d’appartement compliquée en août et en septembre. Ca tombe bien, c’est pile ce que j’ai choisi de faire !

Edimbourg est une place forte financière

Ce n’est pas juste une rumeur : Edimbourg est une ville de riches. Avec de nombreuses entreprises spécialisées dans la finance, les assurances, le commerce international, Edimbourg concentre aussi pas mal de « hauts salaires », ce qui fait automatiquement gonfler les prix, tant à l’achat qu’à la location. C’est mécanique.

Le quartier de New Town, l’un des plus chers de la ville

Airbnb c’est sympa, mais ça fait des ravages

Je garde le plus controversé pour la fin. Airbnb a complètement explosé à Edimbourg, comme partout dans le monde. Alors oui, bien sûr, comme tout le monde, j’ai déjà utilisé ce service. Par ailleurs, j’aide parfois des amis à moi qui louent deux de leurs chambres sur Airbnb. Ils pourraient bien sûr prendre des colocataires, mais Airbnb leur permet de gagner plus d’argent. Le réel problème lié à Airbnb, c’est que, comme dans d’autres villes « populaires » du monde, des propriétaires ont décidé d’acheter plusieurs logements afin de les louer sur cette plateforme. Résultat : il ne reste rien pour les locaux et les résidents, qui sont forcés d’aller plus loin, dans les quartiers périphériques. Par effet mécanique, les prix de locations des logements restants grimpent également.

On parle beaucoup d’une future législation sur Airbnb à Edimbourg, et honnêtement, je pense que ça fera du bien à la ville. Si l’idée de base de Airbnb est intéressante, point trop n’en faut. Et là, à Edimbourg, avec plus de 10 000 logements listés, il faut dire que c’est un peu de l’abus. Pousser les « vrais gens » hors de la ville pour céder toute la place aux touristes, ce n’est pas une bonne solution.

Ce qu’il faut savoir sur le logement à Edimbourg

Le lexique des appartements

Voilà les termes spécifiques que vous croiserez dans les annonces immobilières.

One-bedroom : F1, salon cuisine
DSS : ça veut dire « Department of Social Security ». Très souvent, dans les annonces, on voit « no DSS ». C’est un peu violent mais ça veut dire que le propriétaire n’acceptera pas une personne touchant des aides au logement ou parfois aussi, d’autres aides sociales. J’ai essayé de comprendre comment c’était possible d’afficher une telle discrimination, mais pour l’instant, je n’ai pas de réponse.
Double glazed : double vitrage. Mon critère numéro 1 en Ecosse.
Council Tax : ici, la taxe d’habitation se paye mensuellement. Et se paye cher. Chaque logement a une taxe différente (mais qui ne varie pas en fonction des revenus des locataires, à mon grand dam) et peut se consulter juste ici. Les étudiants en sont exempts et les personnes louant un logement seules bénéficient d’une réduction de 25%. En gros, si on loue un logement seul, avec une taxe de niveau A, la moins chère, on paye environ £60 par mois.

Bienvenue !

Quels niveaux de loyer escompter ?

Pour louer un one-bedroom, un F2, chanceux seront ceux qui trouveront la perle rare à moins de £600 par mois. Après quelques semaines de chasse, je dirai que la moyenne se situe autour de £800, et on peut aller facilement jusqu’à £1100. Mon appartement actuel, un 2-bedrooms, a un loyer de £970. Je connais quelques chanceux qui louent leur appartement depuis plusieurs années et qui ont un loyer autour de £700 pour 2 chambres. Je me rappelle avec émotion de mon premier appartement, qui comptait deux chambres, et donc le loyer s’élevait à £595, en 2015.

En colocation, il faut compter autour de £400 à £550 pour une chambre. Reste à discuter de la fameuse council tax et des autres factures…

Attention, il est probable que certaines agences ou propriétaires demandent un paiement de plusieurs mois à l’avance (entre 3 et 6 mois). Mon opinion n’est pas fixe sur la question : en même temps, c’est nul d’encourager cette discrimination, mais cette possibilité m’a permis de voir mon dossier accepté pour mon tout premier logement, quand je n’avais pas encore d’historique bancaire au Royaume-Uni. Aujourd’hui, je serai sans doute plus dubitative. Cela dit, mon collègue a récemment trouvé un appart (pour lui aussi c’était la galère, et pourtant, il est Ecossais, en couple, et avec un bon revenu) et a dû payer six mois d’avance. OH WELL.

Quels sont les coûts à ajouter ?

Très bonne question, merci de l’avoir posée ! Je vous ai déjà parlé de la council tax, la fameuse taxe d’habitation mensuelle. Quand on n’a pas de revenus, on peut demander une minoration, mais ce n’est pas automatique. L’eau étant incluse, il ne reste qu’à payer l’énergie : gaz, électricité, c’est selon. Le marché étant entièrement privatisé, on peut décider de faire « comme le précédent locataire » ou de signer avec un autre fournisseur.

Internet est bien sûr un autre coût, mais les offres sont maintenant pléthoriques et on peut avoir un accès internet à la maison pour une vingtaine de livres. Honnêtement, je me demande si je vais en avoir besoin : mon abonnement téléphonique me donne maintenant 16go par mois, ce qui est totalement débile puisque j’en utilise 2. Reste à voir si cela suffirait à couvrir mes besoin à la maison… Sinon, je projette de faire ami-ami avec le voisin et de proposer un partage du wifi. A l’ancienne.

Une caution (qui n’excède, en théorie, pas un mois de loyer) est également demandée lors de la signature du bail. Fait intéressant, cette caution est déposée par le propriétaire chez un organisme neutre, qui se fera juge en cas de litige lorsque le bail est rompu. Une idée à piquer !

Il y a aussi… les coûts à ne PAS ajouter !

  • L’assurance logement, prise en charge par le propriétaire et comptée dans le loyer. Il peut cependant être malin de prendre une assurance pour ses biens personnels, qui ne seront pas couverts en cas de dommage ou de cambriolage…
  • Les frais d’agence, complètement assumés par les propriétaires. En voilà, une bonne nouvelle !

Les colocations, ça marche comment ?

L’art subtil de la colocation reste très flou du côté légal de la chose. En théorie, un propriétaire ne peut pas avoir plus de deux personnes sur le bail, à moins que la troisième (et les autres) aient un lien de famille. Sur le papier, donc, toutes les colocs n’ont que deux habitants, ou alors, les autres sont des cousins. Pour pouvoir louer un logement à plus de deux personnes, le propriétaire doit prouver que son appartement est qualifié « HMO », bref, plein de règles de sécurité en plus, qui, en général, font chier tout le monde.

Pour être honnête, j’ai loué un appartement avec deux camarades avec qui je ne partageais pas d’ADN ou de contrat de mariage. Nous étions tous les trois sur le bail. Ca n’a empêché personne de dormir.

Revenons à nos moutons. Si vous voulez trouver une colocation, vos meilleures armes sont internet et votre réseau. Il existe de nombreux groupes sur Facebook (Edinburgh Flatshare, Spare Room Edinburgh… Ils vont et viennent comme la marée) et les sites classiques sont Gumtree et Spareroom. Je vois également beaucoup de messages passer sur le groupe Facebook de la communauté française à Edimbourg (Edimbourg Français / French Meetup) où certains annoncent qu’ils « lâchent » leur chambre.

Mes conseils pour trouver un logement à Edimbourg

Se prévoir du temps

Trouver un logement à Edimbourg, seul ou en colocation, prend du temps. Et il faut donc être préparé, pour éviter la panique et les crises de nerfs. Pour être large, je conseillerais d’être en mesure de prendre deux à trois semaines dans un logement temporaire (bah oui, Airbnb, bien sûr).

Inutile de repérer des annonces à l’avance. Les logements disparaissent instantanément. Repérer des logements trop en avance conduirait à plus de frustrations. Et il y en a assez comme ça.

Préparer le côté administratif au maximum

Les visites se passent en général à des créneaux arrangés, dans l’après-midi ou dans la soirée. N’hésitez pas à demander à voir le logement au plus tôt possible, car c’est souvent « premier arrivé, premier servi ».
A ma connaissance, avoir des garants en France quand on cherche un logement en Ecosse n’est pas important. En réalité, on ne m’a jamais vraiment demandé de garant. Des références, oui : des personnes qui sont capables de dire que je suis une nana sympa. Des amis qui ont un bon job, un patron, un ancien propriétaire…
Fait étonnant, on demande aussi des relevés bancaires, ce que je trouve assez intrusif. L’idée est de s’assurer que vous avez des revenus et que vous savez gérer votre argent. Les agences locatives font un « credit check » et contacteront votre banque pour s’assurer de votre solvabilité.

Avoir tous ces documents à portée de main et par PDF, dans un email, peut vous permettre de postuler très rapidement à un logement qui vous plaît. Et parfois, quelques minutes peuvent vraiment faire la différence (je ne veux pas vous effrayer, mais c’est vrai). Le paiement de la caution traditionnellement suffit à « réserver » un logement mais j’ai des camarades qui se sont vus refuser un logement après avoir payé cette caution : l’agence en avait pris plusieurs, pour se donner le temps de choisir le meilleur candidat. Pas cool du tout.

Mobiliser son réseau

Pour moi, c’était la solution gagnante à chaque fois. J’ai assommé tous mes potes, chaque connaissance, chaque collègue, en leur disant que j’étais à la recherche du St Graal, un appartement à Edimbourg. Finalement, ça paraît bête, mais ça aide bien. Utilisez les réseaux sociaux, demandez autour de vous.

Mon amie Marie-Noëlle, récemment, me voyant me débattre avec les visites, les refus et tout le bordel, a passé une journée à demander à tout le monde, autour d’elle s’ils avaient un plan en tête. Elle est revenue en fin de journée avec plein de plans, j’étais tellement touchée ! Merci Marie-Noëlle !

Des sites internet utiles

Je termine avec le moins rigolo. Quels sites consulter ? En vrac : Gumtree.com, Onthemarket.com, Rightmove.co.uk… Le truc malin à faire, c’est de se créer des alertes selon vos critères de prix, taille et quartiers. Si vous le pouvez, préférez un coup de fil à un email. Mais s’il n’y a pas le choix, lorsque vous contactez un propriétaire par email, évitez de simplement demander « est-ce que cet appartement est encore disponible », affichez directement que vous avez toutes les garanties nécessaires pour louer un logement, montrez que vous avez l’habitude de faire cela.

Gardez la foi

Je le dis car ce n’est pas si évident. Après avoir enchaîné les visites, les échecs, les emails sans réponses, le moral est vite attaqué. Il faut pouvoir se poser les bonnes questions : quels sont les points forts de votre candidature ? Les points faibles ? Pouvez-vous élargir votre zone de recherche ? Il faut garder en mémoire qu’il faudra faire des compromis, nécessairement : sur le quartier, sur l’aspect du logement, sur le loyer… Personnellement, j’ai commencé à regarder pour déménager hors de la ville. Le « game » à Edimbourg est tellement démoralisant… Mais en persévérant et en faisant jouer le réseau, j’ai réussi à trouver quelque chose de convenable. Il ne faut pas perdre courage !