findlochy moray

Au nord de l’Ecosse, la région du Moray Speyside (comprendre : l’entité regroupant la côte du Moray et les environs de la rivière Spey) est connue pour ses jolis villages côtiers et ses distilleries dispersées le long de la Spey. Une bénédiction pour les amoureux de roadtrips… J’ai découvert cette région pour la première fois fin janvier (clin d’oeil à mon article sur le concept du cosagach en Ecosse), voici mes premières impressions et quelques idées de coins à découvrir !

Le romantisme des Highlands, à découvrir dans le Moray Speyside

Le tourisme, dans les Highlands, a commencé dès le 18ème siècle. Si les premiers voyageurs étaient vus comme des aventuriers, la tradition du « Scottish Tour » commence à s’étendre dans les hautes sphères de la bonne société anglaise. La reine Victoria elle-même était passionnée par les Highlands : le Prince Albert acheta, pour elle, le domaine de Balmoral en 1852, ce qui relança de plus belle l’intérêt populaire pour la région. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à feuilleter « Recollections of a tour made in Scotland », par Dorothy Wordsworth. Elle et son frère, le célèbre poète William Wordsworth, se lancent dans un roadtrip en cariole à travers l’Ecosse. Dorothy, en bonne blogueuse de l’époque, retranscrit toutes ses impressions pour ses amis. A la fin, ça donne un carnet de voyage parfois vraiment effarant. Elle est assez critique, parfois c’est assez drôle à lire. Du côtéacadémique, le chercheur Mathieu Mazé a traité la question dans un livre intitulé « L’invention de l’Ecosse« . Super intéressant.

aberlour

Bref, revenons à nos moutons (des Highlands). Les Highlands, au temps de la Reine Victoria comme au notre, c’est rôôôômantique à souhait. C’est pittoresque. C’est grandiose. Dans la région du Speyside, sculptée par ses rivières, ses plaines et ses forêts, il faut dire qu’on se sent un peu comme dans un tableau classique, où l’on s’attendrait à voir surgir une nymphe ou un animal sauvage. On ne peut s’empêcher, parfois, de noter cette ambiance particulière, comme si le temps était suspendu. Je l’ai particulièrement ressenti en séjournant au Craigellachie Hotel, ouvert en… 1893. De ma petite chambre, un matin où la neige était tombée, je me suis demandée à quoi devait ressembler la journée d’une jeune fille de bonne famille, installée ici pour la semaine, se baladant dans la région en calèche. Allait-elle visiter la distillerie d’Aberlour ? Irait-elle se promener sur la côte ?

Moi oui.

moutons écosse

Marcher le long de la côte en suivant le Moray Trail

Allez hop, on continue un peu plus au nord ! Voilà une idée de balade parfaite et adaptable à vos envies : le Moray Trail. Ce chemin de randonnée jalonne la côte de la mer du Nord sur environ 50 miles, soit 80 kilomètres. Le départ se trouve à Forres, et l’arrivée, à Cullen. Cette randonnée est constituée de plusieurs étapes, et il y a toujours un village pas loin pour faire une pause au bistrot ou prendre un bus pour revenir à son point de départ.

Moi, j’ai triché : je n’en ai fait qu’une petite partie ! Mais c’était un joli morceau, que je vous recommande.
Nous avons démarré juste après le village de Buckie, à partir du parking du terrain de golf Strathlene. La balade jusqu’à Cullen dure entre 1h30 et 2h (ça dépend à quelle fréquence on s’arrête pour les photos…)

findloch moray

J’ai bien aimé cette balade car le paysage change constamment : des buissons de genêts, des rochers dramatiques, et au loin, des villages et des petits ports. On a une chance de dingue avec le temps, mais le froid nous rappelle que nous sommes seulement à la fin janvier. J’ai beaucoup aimé le village de Findochty, qui fut, il y a quelques siècles, un port de pêche très actif. Aujourd’hui, c’est plus calme, car une grande partie des habitants travaille pour l’industrie pétrolière.

moray coast

A ne pas louper : le Bow Fiddle Rock ! Une formation géologique qui sort de l’eau. Il paraît que l’érosion naturelle va, dans les décénnies prochaines, faire basculer cette sculpture rocheuse naturelle. En attendant… C’est vrai qu’on peut y voir quelqu’un qui joue du violon. Pourquoi pas.

fiddle bow rock

L’arrivée à Cullen est sublime, avec son beau pont ferroviaire qui permettait d’achalander le poisson dans les grandes villes du Sud en un rien de temps. Avez-vous déjà entendu parler du Cullen skink ? C’est une délicieuse soupe de poisson à base de haddock, de pommes de terres, de poireaux et de crème. C’est absolument succulent, et c’est la spécialité locale ! J’en ai bien sûr profité pour discuter un Cullen skink à Cullen. Normal.

Cette balade facile sur le Moray Trail était vraiment agréable, et la prochaine fois, je la ferais dans l’autre sens, vers Lossiemouth !

cullen skink

Le Speyside et le whisky : la distillerie Macallan… et les autres

Retour dans l’intérieur des terres, pour profiter de l’autre spécialité locale : le whisky. La région du Speyside est celle qui accueille le plus de distilleries écossaises. On ne compte pas moins d’une cinquantaine d’établissements dans la région, c’est assez dingue. Je vous pose là une carte des distilleries du Speyside pour que vous réalisiez par vous-mêmes. Il y a bien sûr de très gros producteurs, comme Glenfiddich et Glenlivet, mais aussi de plus petites distilleries, comme Aberlour, souvent plus anciennes (1830, pour Aberlour, pas mal, hein ?).

macallan distillery

Parce qu’elle vient de rouvrir après plusieurs années de travaux, nous allons visiter la distillerie Macallan, l’une des plus grandes distilleries de la région. Elle est très originale, déjà pour sa forme très moderne : elle est à moitié cachée sous la terre, et à la surface, elle rappelle une maison de Hobbit. Cette visite m’intéresse énormément car je n’ai jamais visité une distillerie si grande et si moderne. Si le processus de fabrication du whisky est toujours le même, c’est vraiment chouette de voir l’envers du décor d’une si grande structure. Ce que j’ai particulièrement aimé dans cette visite : la large place laissée au rôle du tonneau dans la fabrication du whisky single malt, parfois passée un peu vite dans d’autres distilleries. La dégustation, également, est mieux mise en valeur que dans d’autres distilleries où l’on avale un fond de verre rapidement. Ici, on s’assoit, et on goûte quatre Macallan différents, ce qui permet d’éduquer un peu son palais. La visite coûte £15. C’est plus que dans d’autres distilleries, mais la dégustation inclut quatre whiskies. Prévoyez de rester au moins deux heures.

macallan distillery macallan distillery

Pour continuer sur cette thématique, pourquoi ne pas également visiter the Speyside Cooperage ? Cette fabrique de tonneaux permet de s’intéresser à un autre aspect de cette mystérieuse industrie du whisky… Je n’ai pas eu le temps cette fois-ci mais j’y retournerai lors d’un autre voyage dans la région en mai, avec mes parents. La visite classique coûte 4 livres et dure 45 minutes.

Et la prochaine fois, d’ailleurs, j’aimerais beaucoup voir Lossiemouth, une autre commune côtière, Elgin et sa cathédrale St Giles, le champ de bataille de Culloden… Il y a encore tellement à voir !
Mais cette région du Speyside et du Moray, entre Aberdeen et Inverness, regorge vraiment de paysages surprenants. J’ai joué à compter tous les toits de distillerie que l’on croisait, et il y en a vraiment partout, c’est fou. Si vous aimez le whisky, je dirais que c’est un immanquable, un peu à l’abri des circuits classiques, entre Edimbourg, le Loch Ness et Skye…

cullen cullen

Ces découvertes ont été faites grâce à une invitation de VisitScotland. J’ai, cependant, une totale liberté dans ce que je raconte, je pense que vous l’avez bien compris…