Mon copain Maël a deux grands amours. Le premier s’appelle Marielle, une jolie blonde au sourire lumineux, le second est l’instrument le plus emblématique d’Ecosse : la cornemuse. Son diplôme d’ingénieur en poche, Maël quitte sa Bretagne natale en 2010 avec pour seul objectif, celui de vivre pleinement sa passion pour la musique.
Dans la famille de Maël, la cornemuse est art qui se transmet de génération en génération : « J’ai grandi au son de la cornemuse. Ma mère joue de la bombarde, mon père de la batterie et mon oncle du biniou – c’est comme ça que l’on appelle la cornemuse en breton. Tout petit, mes parents m’emmenaient déjà avec eux lors des compétitions de cornemuse organisées dans ma région, le Finistère. J’ai commencé à prendre des cours à l’âge de 9 ans, et depuis, je pratique tous les jours. »
Maël a d’abord posé ses valises à Edimbourg, à l’occasion d’un stage de fin d’études, il y a 8 ans. Sa motivation officielle ? Peaufiner son anglais. En réalité, il cherche à rejoindre un « pipe band », un groupe de joueurs de cornemuse. Après une année de réseautage intensif et de travail acharné, il rallie Scottish Power, l’un des pipe bands les plus prestigieux du monde. Maël sillonne alors l’Ecosse tous les week-ends aux côtés de ces « pipers » chevronnés : il est de tous les championnats, de toutes les représentations culturelles ou sportives. Ici, le son de la cornemuse est omniprésent. Cet instrument est une composante indissociable de l’identité nationale écossaise et un art qu’on tient à faire perdurer.
Si Maël a choisi l’Ecosse, ce n’est pas un hasard. Il existe entre la Bretagne et l’Ecosse un lien particulier, une ressemblance troublante. La culture celte a fortement influencé ces deux régions du monde, elle y est encore très présente au quotidien, à travers les danses traditionnelles, la musique ou encore la langue.
Preuve en est, le festival inter-celtique qui se tenait la semaine dernière à Lorient et qui met l’Ecosse à l’honneur. Au programme : chants, contes et légendes traditionnels, « pipe bands » venus d’Ecosse, du Pays de Galle, d’Irlande et de l’Île de Mans, un fest-noz géant…
« Ce que j’aime par dessous tout, avec la cornemuse, c’est qu’on peut jouer seul, à deux, à cinquante. On peut aussi la mêler à d’autres instruments, la mixer avec de la techno, du rap même, pourquoi pas ! En dehors des grandes représentations musicales, je joue au gré de mes envies et mes humeurs. » m’explique t-il, le regard enjoué. Il s’entraîne près de 10 heures par semaine, après ses heures de bureau et avant de bûcher sur la start-up qu’il souhaite lancer dans les prochaines années. Bourreau de travail et passionné, cela va souvent de pair.
Le plus beau souvenir de Maël en Ecosse ? Lorsque son pipe band a décroché la seconde place aux championnats du monde annuels de cornemuse, en 2012, à Glasgow. Il a remis son titre en jeu le week-end dernier, comme tous les ans. Il a terminé 4ème. En attendant l’année prochaine, Maël continuera à parcourir l’Ecosse, sa cornemuse sur le dos.