Le 5 mai, les Ecossais et les ressortissants de l’Union Européenne résidant au Royaume-Uni depuis plus de trois mois ont été appelés à participer aux élections parlementaires écossaises. On vous explique comment ça marche !
Un droit de vote inattendu
Peu après mon arrivée en Ecosse, en août dernier, je reçois une lettre me demandant de m’inscrire sur les listes électorales. N’y prêtant pas vraiment attention, je suis à nouveau surprise quand on reçoit à nouveau une missive nous intimant de nous inscrire, sous peine d’amende. On se prête alors au jeu rapidement, en allant simplement sur ce site. A ce moment là, nous ne savons pas encore qu’une élection se préparait pour le printemps et j’avoue ne pas m’être intéressée profondément à cette inscription.
Et puis, un beau matin, on découvre une invitation à participer à l’élection parlementaire qui vise à renouveler le Parlement Ecossais. Ma première réaction : Mais comment ? Pourquoi moi ? Je ne connais pourtant rien au système politique écossais, pour le moment… Je suis un peu embarrassée et je me dis que l’Ecosse devrait attendre de voir si je reste au moins un an avant de me faire participer à ses scrutins. Mais je suis flattée, quand même. En France, je comptais parmi les favorables au droit de vote des étrangers, au moins dans les scrutins locaux.
Petite précision utile : les ressortissants de l’Union Européenne vivant au Royaume-Uni ne sont invités à voter que pour les élections locales et les élections européennes, si on choisit de ne pas voter dans notre pays de résidence (ce qui ne sera pas mon cas). Donc, par exemple, nous ne voterons pas lors du référendum sur la question du Brexit.
On peut néamoins voter par procuration (et on peut demander la procuration jusqu’à 17h le jour du scrutin… Suivez mon regard) ou par poste, si on est loin ! Pas mal, non ?
Le jour des élections
Nous voilà au matin du 5 mai. Jusqu’à la dernière minute, candidats et militants distribuent des flyers dans les rues. D’immenses panneaux publicitaires en faveur de tel ou tel parti s’affichent. Des voitures décorées paradent fièrement.
Tous les bureaux de vote sont ouverts de 7h du matin jusqu’à 22h, c’est impressionnant. Camille, Tao et moi sommes appelés à voter dans… une chapelle. Quand on s’approche du monument religieux, on se trouve face à une grille bien fermée.
Heureusement, c’est par l’arrière que les électeurs sont invités à voter. L’isoloir dans la nef, sous la grande croix de bois. J’avoue que ça me fait une drôle de sensation, mais après tout, pourquoi pas.
Nous sommes invités à pointer notre nom sur la liste, mais aucune vérification d’identité n’est faite. Je suis étonnée mais comme on me dira plus tard : « l’enjeu est plus de motiver les gens à aller voter, pas de les empêcher de voter plusieurs fois ». Pas faux. Et puis bon… C’est l’Ecosse, qui irait penser à frauder ?
L’ambiance est tranquille et détendue dans le bureau de vote, c’est vraiment un moment sympa. On nous tend deux bulletins de vote : l’un pour choisir un candidat local qui siègera au Parlement, l’autre pour voter pour une orientation générale en Ecosse. Choisirons-nous plutôt le SNP, le parti leader de la Première ministre Nicola Sturgeon ? Ou le Labour ? Les conservateurs ? Les Verts ? Les « lib-dem »? On laisse ça dans le secret de l’isoloir. Pas d’enveloppe, pas de déchets papier : on coche simplement notre candidat, on plie la feuille et on la glisse dans l’urne. A voté !
La petite note d’humour à l’écossaise : les bulletins ne sont pas décrits comme « orange » et « violet » mais… « Pêche » et « lilas ». A-do-rable.
Des résultats très tardifs
Avec la fermeture des bureaux de vote à 22h, difficile de savoir qui sont les vainqueurs des élections parlementaires d’Ecosse. En plus, il y a aussi des élections dans d’autres parties du Royaume-Uni, comme celle du maire de Londres, par exemple. Les plus passionnés resteront réveillés une bonne partie de la nuit pour savoir… Moi, je préfère me garder la surprise pour le matin.
Résultat : le SNP est bien en tête mais ne parvient pas à obtenir une majorité (ils remportent 63 sièges, mais 65 étaient nécessaires pour la majorité. Dans le précédent Parlement, ils en avaient pourtant 69). Les conservateurs doublent le Labour, qui s’écroule. Les Verts, eux, sont contents puisqu’ils remportent 6 sièges, contre deux auparavant.
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Autre petite précision utile : c’est une loi européenne. Les ressortissants de l’Union Européenne ***résidant*** (le terme est important du point de vue légal) dans n’importe pays de l’Union peuvent choisir de voter aux élections locales et aux élections européennes dans leur pays de résidence. Ce n’est donc pas particulier à l’Écosse.
Pour le Brexit, la question s’est posée (puisque nous avions eu le droit de vote au moment de l’IndyRef) mais Westminster (comprendre les Tories) a fait valoir que ce serait « anticonstitutionnel » (entre guillemets car le Royaume-Uni n’est pas un État constitué: il ne possède pas de constitution).
Du coup, les 2 millions de citoyens européens qui travaillent et payent des impôts au Royaume-Uni (3 millions en comptant les enfants mais je ne suis pas sûr des chiffres) n’auront pas voix au chapitre. C’est un peu comme si l’Irlande du Nord (1,8 millions d’hab.) ne participait pas au scrutin…
Le plus « drôle », c’est que contrairement à nous, les ressortissants du Commonwealth (Australiens, Canadiens, etc.) qui résident au Royaume-Uni auront le droit de participer au scrutin du Brexit, de même que les Irlandais (même si l’Irlande ne fait pas partie du Commonwealth).