Il me faut l’annoncer d’entrée de jeu : le Loch Ness n’a jamais été mon expérience favorite en Ecosse. Trop touristique, trop évident, trop piétiné. Et pourtant, c’est un fait, vous êtes nombreux à vouloir découvrir le Loch Ness et peut-être avoir une chance de faire un high five à Nessie, son plus célèbre locataire. Heureusement, le Loch Ness est grand et sauvage : pour changer des sempiternels Fort Augustus et Drumnadrochit, je suis allée voir le loch depuis Foyers, sur la rive est, et j’ai passé une nuit à bord du bateau d’Alex, le Scotia.Une expérience dingue !
Foyers, un village au bord du Loch Ness
16h, je quitte le bureau en avance et je saute dans l’Acadiane de mon oncle. Nous sortons de la ville et nous nous engouffrons sur l’A9, la route qui monte dans les Highlands. Enfin.
Alors que le jour décline, nous enchaînons lacets et petites routes “single track” jusqu’à Foyers, un village coincé entre les collines et le loch. En chemin, les lambeaux de nuit se font de plus en plus denses autour de nous, et une énorme pleine lune apparaît. Nous nous transformons en une petite boite de conserve et luisante, dont la lumière jaunâtre n’effraie même pas les faons qui broutent près de la route. Enfin, la route descend vers le lac. J’ai peur de ne pas trouver le bateau d’Alex mais voilà que, entre les arbres, je distingue une silhouette familière. Alex est là, sur le pont, il nous attend. Nous sommes en retard, il sourit parce qu’il s’y attendait : qui a envie de pousser le champignon sur une si jolie route ?
Rencontrer des gens comme Alex sur la route,
c’est ce qui donne tout son sens au voyage
Cet ancien bateau de pêche, le Scotia, a été entièrement réaménagé en petit “B&B”, un “boat and breakfast”, précise Alex. Ancien marin, il a pêché dans toutes les mers d’Europe avant de dédier son bateau à l’entretien des stations éoliennes qui pullulent sur les côtes du Royaume-Uni. Première transformation pour le bateau, qui se met à accueillir plus de techniciens que de pêcheurs. Et puis, avec la fin de ces missions, c’est tout logiquement qu’Alex s’imagine accueillir des voyageurs. “Et s’il fallait le faire quelque part, c’était forcément sur le Loch Ness”, précise-t-il. Pas facile, cela dit, d’obtenir le droit de s’amarrer quelque part pour la saison d’été. Grâce à un ami à lui, il peut jeter l’ancre à Foyers mais il envisage de bouger le bateau selon les saisons. Pendant l’hiver, il démarrera les moteurs et ira s’installer tranquillement plus près d’Inverness.
Dormir sur le Loch Ness
Le Scotia compte quatre cabines de deux couchettes, c’est tout. Chacune a sa petite salle de bain privative et ses espaces de rangement. La nuit, pas d’électricité, mais Alex a gentiment laissé une petite lampe de poche pour les envies pressantes. Les cabines me donnent l’impression d’être dans un petit nid dès que j’y pose le pied et je voudrais juste pouvoir y élire domicile pour une petite semaine, à me reposer et à regarder le lac.
Après une semaine harassante de travail et de semi-camping dans un appartement que je m’apprêtais à quitter, c’est un vrai bonheur de me glisser dans le petit lit « cozy » de notre cabine et d’être plongée dans le noir et le silence complet. Je sombre dans un sommeil de plomb.
Au matin, nous retrouvons Alex dans le petit salon, sur le pont du bateau. Il nous prépare un petit déjeuner écossais de haute voltige, et s’installe avec nous pour parler du programme de notre journée. Alex est un passionné. Rencontrer des gens comme Alex sur la route, c’est ce qui donne tout son sens au voyage. En discutant avec les gens « du coin » on est toujours sûrs d’avoir accès à une information précieuse et personnalisée. C’est vital pour tout voyageur. Alex, lui, confie que s’il pouvait, il nous suivrait bien sur Orkney. Il nous emmène alors dans la « salle des commandes » du bateau, d’où on a une jolie vue sur la partie sud du lac. On pourrait y rester des heures à l’écouter parler de son bateau, et à regarder les photos punaisées au mur. Mais il faut continuer la route. Alors on se serre la main et on se dit à bientôt.