Ca devait finir par arriver. En mai dernier, j’ai conduit en Ecosse pour la toute première fois. J’avais une bonne raison : un roadtrip à travers le Parc national du Loch Lomond et des Trossachs avec mon amie Alice, tout simplement la meilleure copilote que la terre puisse porter. En trois jours, nous avons découvert différents aspects de cette magnifique région d’Ecosse, que je m’empresse de vous dévoiler.
Pour toutes les informations pratiques et l’infinie liste des randonnées à découvrir au sein du Parc national, je vous renvoie sur ce site, qui m’a été bien utile.
Comme je suis sympa, j’ai fait une petite carte de notre itinéraire. Attention, seulement les points principaux y figurent car Google Map n’autorise qu’un nombre d’arrêts limités, étrangement…
Par ailleurs, pour baver devant de vraies belles photos, allez jeter un oeil à cet article de Patrice Mestari sur ses explorations dans le parc…
Sur la route du Loch Lomond et des Trossachs
Départ d’Edimbourg sous un soleil insolent, qui me donne du courage. Mes yeux, mes mains, mes pieds sont sollicités pour nous extraire correctement de la ville, et même ceux d’Alice, pour être honnête. Mais nous formons une bonne équipe, et, un rond-point après l’autre, nous finissons par arriver sur la M8, l’autoroute qui file à Stirling. On fait coucou aux Kelpies de Falkirk, et on fonce droit devant.
Notre premier rendez-vous, c’est la distillerie de Deanston, dont je vous ai déjà chanté les louanges dans cet article, il y a quelques semaines. Je suis assez fière de moi lorsque je tire le frein à main : finalement, avec un peu de confiance en soi et de calme, on y arrive. Je suis tout simplement heureuse d’être à la campagne, et je me sens libre de pouvoir aller où bon me semble. Après la visite de la distillerie – nous emportons les mignonnettes avec nous, pour goûter plus tard, parce que… boire (de bon matin) ou conduire, il faut choisir – nous faisons un saut de puce jusqu’au château de Doune.
Jamais entendu parler du château de Doune ? Je suis prête à parier que vous l’avez déjà vu, sans même le savoir. Ce château, construit pour la famille des Stewart, ducs d’Albany et régents de la Couronne d’Ecosse de temps en temps, fut ensuite utilisé comme une prison par les Jacobites, avant d’être abandonné. Dans les années 70, ce sont les Monty Pythons qui y tournent quelques scènes de Sacré Graal, puis c’est Games of Thrones qui en fait le château de Winterfell, dans la saison 1. Et, parce que jamais deux sans trois, c’est ensuite l’équipe de Outlander qui prend possession des lieux pour y créer, sous vos yeux ébahis, le château de Castle Leoch. Ne rechignez pas à visiter cette belle ruine, dont les chemins, et les rivières, à l’arrière, sont également fort mignons.
Allez, encore un arrêt, sur le chemin du lac : le lac de Menteith. Je ne suis pas très sûre de moi quand je m’engage sur la petite route que m’indique le GPS. On tombe sur un petit parking, qui débouche sur une jolie jetée en bois. Tout au bout, un panneau à faire pivoter. C’est le signal pour le batelier que deux curieuses veulent se rendre sur l’île de Inchmahome, où l’on peut visiter les ruines du prieuré où Marie Stuart fut cachée, étant petite. On y reviendra dans un prochain article, consacré à l’album Panini « Marie Stuart » que je suis en train de me constituer. *
Après une pause déjeuner au bord de la rivière Forth, à Aberfoyle, on parcourt les derniers mètres qui nous séparent du beau, du majestueux, du pimpant Loch Katrine. Nous optons pour une petite balade en bateau, à bord du Sir Walter Scott, un bateau à vapeur avec un vaillant capitaine au micro. On se laisse porter, encore ébahies par la pureté du ciel. Le repos n’est que de courte durée puisque nous enchaînons, sans transition, avec une randonnée qui nous permettra d’avoir un autre point de vue sur le Loch Katrine : celle du Ben A’An (oui, ça se prononce presque comme « banane »). Le parking de départ se trouve à quelques centaines de mètres en direction de Callander, quand on vient du port des Trossachs, d’où démarre par ailleurs le petit tour en bateau.
Comme d’habitude, que je me trouve au pied de Arthur’s Seat à Edimbourg ou de la Bastille à Grenoble, je me dis que c’est trop haut, trop dur, et que je ne vais jamais y arriver. Faire face à l’impressionnante colline du Ben A’An me fait douter. Un peu. C’est que, le temps d’une minute, j’avais oublié que je suis accompagnée d’une championne qui m’a fait, il y a quelques années de cela, descendre puis remonter le Canyon de Colca au Pérou. L’ascension est finalement tout à fait faisable et même agréable, et je ne suis pas peu fière quand je découvre, face à moi, l’immensité du lac vu de haut. On voit un bateau tracer sa ligne, élégant comme une libellule. Alice se prend pour Braveheart et grimpe jusqu’à la pierre la plus haute. Nous y sommes.
Nous dévalons ensuite la colline dans le soleil couchant. Il est maintenant l’heure d’aller boire une petite bière (ou un jus de fruit pour les vainqueurs comme moi qui sont coincés derrière le volant) sur l’incroyable terrasse de Venachar Lochside, qui me donne furieusement l’impression d’être en vacances. Nous nous laissons ensuite traîner jusqu’à Callander, où, après un délicieux fish’n’chips à Mhor Fish, nous nous endormons comme deux pierres dans la chambre mansardée de Abbotsford Lodge.
Approcher le Loch Lomond par le Nord
Samedi matin, le soleil est revenu, notre énergie aussi. Le but de la journée sera d’atteindre Arrochar, au nord du Loch Lomond, sur la côte ouest du loch. On a tout notre temps, et on a envie d’en prendre plein les mirettes. Nous décidons de faire un détour vers le loch Monachyle, uniquement accessible par une route microscopique. Tout au bout nous attend une surprise : l’hôtel restaurant Monachyle Mhor, que je vous recommande si vous avez un truc spécial à fêter (Alice et moi, nan, du coup on s’est contentées d’admirer et de papoter, ce qui était déjà fabuleux).
La route du retour nous réserve notre plus grand émoi, et notre plus grande frousse : nous sommes absolument éberluées par les couleurs du loch, et nous marquons plusieurs arrêts pour déguster les couleurs. Mais l’hiver n’était pas bien loin et a laissé les routes très mouillées, voire inondées. Alors que nous roulions au pas, soudain, BOUM, ma roue s’offre un nid de poule bien placé, et le bruit est si fort que je nous vois déjà coincées à tout jamais dans l’énigmatique vallée. On scrute le pneu, je m’allonge même pour jeter un oeil sous la voiture. En garagistes expertes, on se dit que ce qui ne crève pas ton pneu rend plus fort et on continue la route, non sans s’arrêter devant la tombe de Rob Roy, un Highlander coquin et un peu malfrat sur les bords, que vous avez peut être rencontré au cinéma si vous les fréquentiez dans les années 90. Nous pas.
On revient finalement aux routes à double sens avec l’impression d’avoir chuté dans un passage secret, au bord du loch Monachyle. Quel endroit magique…
L’étape suivante sera Killin, un petit village sympa, touristique, où l’on peut s’étaler sur des pierres chaudes au bord de la rivière, tel un lamantin. Nous n’y marquons qu’une pause rapide avant de filer vers l’est, où nous déjeunerons en terrasse au Real Food Café de Tyndrum, doublé d’un petit scone à l’incroyable Artisan Café, niché dans une vieille église entre Tyndrum et Auchreoch.
Sur la route, nous marquons une pause aux chutes de Falloch, qui, sans être ennuyeuses, ne nous font pas une impression folle. Est-ce parce que nous sommes peinées de voir tous ces déchets laissés par des visiteurs peu respectueux ? Peut-être. L’arrêt suivant, pourtant, nous ravit. Nous nous arrêtons à la pyramide d’Inveruglas, juste au bord du Loch Lomond. C’est un moyen parfait de porter un premier regard sur cet énorme loch. Il est, par sa surface, le plus grand des lochs du Royaume-Uni ! Il n’est cependant pas aussi profond que le Loch Ness. Cette pyramide design et accessible a vraiment la classe. Une vraie bonne pause.
Cette nuit-là, nous nous arrêtons dans une micro-guesthouse, fraîchement ouverte, An Corr. Après une journée pleine d’émotion, nous ne regrettons pas de poser nos fesses en observant le Cobbler, un sommet que nous escaladerons… Une prochaine fois.
Retour à Balmaha, au bord du Loch Lomond
Fallait-il retourner à Balmaha ? Alice et moi y avions déjà marqué une pause en 2016, sur la route de l’île de Skye. Allez, pour la dernière journée, on fait un strike : on se fait les trois grands ports du Loch Lomond. Luss, Balloch et Balmaha.
Luss, c’est un village jôôôôôli. Mais pas franchement excitant. Ok, la plage est belle. Ok, le cimetière claque. Ok, on peut y faire de jolies balades. Ok, les maisons fleuries sont mignonnes. Mais au-delà de ça, il faut aussi avoir un diplôme de zigzaguage entre les touristes, et je n’en suis qu’aux premières épreuves. On est passées voir, mais on ne s’attarde pas.
Balloch, c’est un peu le hub. Les gens arrivent, repartent, courent. Mais ce qui m’a absolument charmée, à Balloch, c’est le château (fermé) et son parc immense, gratuit et ouvert 24h sur 24. C’est parfait pour notre petite sieste quotidienne. On frôle même le coup de soleil, c’est vous dire. Après cette petite balade dans la verdure, en surplombant le loch, on se lance vers le dernier chapitre de la journée : Balmaha.
Balmaha, sur la côte est du lac, est l’un des derniers villages avant que la route ne se coupe, pour ne laisser place qu’aux chemins de la West Highland Way. On peut s’arrêter dans le village pour un petit bout de journée, et en profiter pour faire la randonnée jusqu’au sommet de Conic Hill.
Conic Hill, qui trône au-delà du parking, nous fait de l’oeil, mais on s’en détourne : on a décidé d’aller visiter l’île d’Inchcailloch, l’une des plus accessibles du Loch Lomond. On se faufile à l’arrière du port, à la recherche du petit guichet pour acheter un billet – £5 par personne pour l’aller retour – et on s’étonne de trouver un petit monsieur dans un minuscule bureau. « Revenez dans dix minutes » nous dit-il. Alors on attendant, on s’assoit entre les barques et on regarde. Quel bateau, à ton avis ? Je m’attends à un bateau mouche pas très charmant, mais je pointe un petit bateau de bois qui me fait un peu rêver. Bingo ! C’est elle, notre caravelle. On nous dépose sur l’île, où l’on peut se balader comme bon nous semble. On y visite un vieux cimetière, des ruines de fermes, et on atteint, après une demi-heure, l’autre extrémité de l’île. Cette île est absolument merveilleuse : lors de notre visite, début mai, toute sa surface était recouverte de « bluebells », ces célèbres fleurs printanières que l’on croise un peu partout en Ecosse à cette saison. C’est juste magique.
Après ce moment d’extase, le retour à la vraie vie prend un peu de temps : nous nous offrons donc une pause au pub du petit village, le Oak Tree Inn, où vous pouvez même passer la nuit si le coeur vous en dit. Nous, on se remet paresseusement en route vers Edimbourg.
C’est seulement à ce moment-là que je me rends compte que je suis en fait à l’aise au volant, que les habitudes ont été prises. Alice ne me crie presque plus de rester au milieu de la route, et j’effleure à peine la portière quand je me trompe de main pour changer de vitesse. Petite victoire !