Faire des bilans constants n’est pas vraiment mon habitude. Mais ce soir, alors que le mois de juin s’achève, que le soleil se couche à ma fenêtre, et que j’ai l’impression d’avoir du « fuel » pour de l’écriture libre, pour personne sinon pour moi et pour vous, là-bas, j’ai envie de regarder les six mois qui sont sur le point de s’achever et de voir où en est ce petit truc bizarre qu’est French Kilt. 

Ne jamais dire jamais

L’année a commencé un peu étrangement, sans que je m’en rende compte, sans que je me réjouisse : je terminais un projet freelance un peu enquiquinant, qui n’avait rien à voir avec l’Ecosse, et qui a mangé toute mon énergie. J’ai écrit, d’un bout à l’autre, un hors-série pour un magazine professionnel. Au jour béni du « BAT », le « bon à tirer » qui sonnait l’heure de ma délivrance, j’ai pris l’avion pour Strasbourg, où j’avais rendez-vous avec Indochine, comme le veut la tradition. C’était enfin le retour à la vraie vie.


Ce même jour, j’expliquais à mes proches que je ne prendrai plus jamais, à l’avenir, de projet d’écriture d’envergure en plus de mon boulot salarié – je m’occupe, entre autres, d’un petit hostel au centre d’Edimbourg – parce que ça avait été bien trop difficile de jongler. Les derniers mois avaient été éprouvants, moralement et physiquement. Le jour-même, un email retient mon attention : une maison d’édition française cherche des auteurs pour son tout nouveau guide sur l’Ecosse. Ma promesse de me concentrer sur mon poste, pas très solide, s’effiloche déjà. Quelques coups de fils plus tard, le plan est monté, et me revoilà embarquée dans une autre aventure, entièrement nouvelle, mais qui fait tellement sens pour moi. Pour réussir au mieux, je décide alors de ne travailler en tant que salariée plus que quatre jours par semaine. A présent, tous mes voyages en Ecosse sont orientés pour nourrir ce projet, et je pourrai bientôt vous en dire plus. Je peux d’ores et déjà vous annoncer que, si c’était déjà pas mal le cas, ce blog va s’intéresser encore un peu plus au Sud de l’Ecosse, car c’est sur cette zone que je concentre toutes mes découvertes à présent.

Un petit email, un petit coup de fil, et voilà : le fil de mon année 2018 avait changé de tout au tout.

Ne jamais dire jamais.

French Kilt, c’est qui ?

Ce petit blog est désormais un adolescent. Il fait parfois un peu sa vie tout seul, il se muscle un peu, et parfois aussi, il boude. J’essaye de maintenir un rythme de publication constant, autour d’un article par semaine. Bientôt 200 articles en ligne, paraît-il. Ca donne le tournis. Il me fait sourire quand je le regarde, ce blog. Il est sympa.

Grâce à lui, j’ai rencontré tellement de gens vraiment incroyables. Je n’ose l’affirmer, mais French Kilt a vraiment façonné ma vie en Ecosse. Et pourtant, s’il y a une chose à quoi je reviens toujours, c’est cette gratitude que j’ai envers tous ceux qui ont partagé le projet. Camille et Tao, avec qui le site est né, et avec qui tant de boulot a été abattu dans les premiers mois. Justine, qui aime bien mettre les mains dans le cambouis et qui écrit de super articles sur Glasgow et ses environs. Rob, qui m’aide à présent à gérer le côté technique du site, et que j’ai rencontré grâce à Sophie, lectrice de French Kilt des premières heures. Et Annick, ma maman, qui relit chaque article quelques minutes après la publication pour traquer mes fautes, de plus en plus nombreuses… C’est beau, c’est beau, c’est beau.

Le projet French Kilt a toujours voué à être partagé et j’espère qu’il le sera encore plus à l’avenir. Si parmi vous, certains ont envie de faire lire leur plume, de raconter leur histoire avec l’Ecosse, pourquoi ne pas me proposer une idée d’article ? J’aime bien ce concept. N’hésitez pas !

Le site en lui-même ne se porte pas trop mal. Vous êtes environ  9000 à venir faire coucou au moins une fois par mois, et vous lisez environ 23 000 articles. J’ai comme l’impression que vous aimez bien l’Ecosse… Je me trompe ?

French Kilt, un pas après l’autre vers le métier de guide

Et puis, il y a un peu plus d’un an, une nouvelle expérience : écrire une visite guidée. Inviter un groupe à me suivre, dans les dédales des rues d’Edimbourg. Soudain, je réalise que je me sens dans mon élément. Entre jeu d’acteur, partage des savoirs, vannes et pauses photos, j’ai trouvé quelque chose qui me donnait vraiment envie de me dépasser. Donner les meilleures infos, être fière de dévoiler des points de vue inédits, savourer le sourire ou l’étonnement sur les visages des voyageurs qui me suivent durant quelques heures. Quel plaisir.

Avant chaque visite guidée, j’ai peur. Genre… Trop les boules. Trop peur d’être nulle, de bégayer, de ne pas savoir répondre à une question. Et puis je retrouve le groupe, et là, le spectacle commence. J’ai l’impression que l’énergie du groupe décuple la mienne, et même si la journée fut longue, je me ravis à galoper à travers la ville, et à partager, autant que possible, ma passion pour la ville d’Edimbourg.

Après avoir mis en place ma première visite, je me mets à travailler de concert avec Karine, elle aussi guide francophone indépendante, que pas mal de lecteurs ont pu rencontrer. Quand les visites commencent à s’aligner dans mon agenda, je décide de les partager avec quelqu’un d’autre. Et là, de manière assez magique, je rencontre Emilie, qui vient de tout plaquer en France pour s’installer à Edimbourg avec ses deux chats. C’est un peu le coup de foudre, et en deux temps, trois mouvements, je forme Emilie à emmener des petits groupes francophones en balade.  Et depuis, Emilie a lancé sa propre visite guidée, à la recherche des fantômes d’Edimbourg !
Dans le même temps, je rencontre Quentin et Richard, qui proposent des expériences liées à la culture écossaise et des visites gastronomiques de la ville, ainsi que Nicolas, un guide qui a eu l’idée géniale de proposer des visites guidées à bord d’une Tesla. Peu à peu, on se met à travailler ensemble, et ça fait des étincelles ! Nous avons concocté un dépliant que vous trouverez à l’aéroport, à VisitScotland et dans plusieurs hôtels pour présenter notre travail. C’est… décoiffant !

Si vous venez bientôt en Ecosse et que vous voulez essayer l’une de ces visites… Suivez le guide ! 

Comme mon petit syndrome de l’imposteur n’est jamais bien loin, je m’intéresse à une formation. Une formation assez spéciale. Au Royaume-Uni, le métier de guide n’est pas réglementé. N’importe qui peut se déclarer guide un matin, si ça leur chante. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, sans honte. Cependant, en Ecosse, il existe une formation qui permet d’apprendre à guider dans tout le pays. Cette formation permet aux étudiants de devenir « Blue Badge Guides » et d’emmener des groupes partout en Ecosse. C’est un véritable gage de qualité et de sérieux, qui se mérite. Au menu de la formation : un an et demi de cours du week-end et de soirées de boulot pour en apprendre le plus possible sur toutes les régions d’Ecosse, leurs cultures, leurs enjeux. Bref, ça me va comme un gant. J’ai postulé, sans vraiment y croire… Cette formation, c’est un véritable engagement, un sacerdoce. J’ai discuté avec de nombreux titulaires de ce « badge », qui m’ont tous donné très envie de suivre cette formation passionnante.

Le processus de sélection fut assez long : j’ai envoyé mon dossier en fin d’année dernière, j’ai été invitée à un entretien, j’ai fait une jolie petite présentation, j’ai écrit un essai, et j’ai passé un week-end avec les autres potentiels futurs étudiants. Et le processus a pris fin ce matin, avec un coup de fil m’invitant à rejoindre la formation à la rentrée. C’EST TROP COOL. Je me réjouis d’acheter un petit agenda et une nouvelle trousse !

A me relire, je me rends compte à quel point mon destin se fond dans celui de mon petit site internet. Est-ce bien sage ? Nous le saurons plus tard. Mais c’est excitant.

Eh bien voilà, ce fut un bilan bien long mais qui somme toute me laisse l’impression d’avoir réorganisé mon cerveau. Ca fait du bien d’écrire un peu dans tous les sens, façon Skyblog. Ca libère.

Et donc, pour les six prochains mois ? Je vais d’abord survivre à ma saison estivale, entre le travail à l’hostel et l’écriture du guide, la gestion des visites guidées et les petits boulots parallèles. Il y a de belles histoires à venir ici même, sur French Kilt, et sur Courrier Expat, où j’écris chaque semaine à propos de choses drôles – ou pas – de mon quotidien en Ecosse tous les mercredis.