Voyager en Ecosse à vélo, ça vous dit, mais vous avez besoin d’infos ? Mes amis et collègues Déborah Gay et Jérôme Fort me font l’honneur de partager le récit de leur récent voyage à vélo à travers l’Ecosse, un article bourré de bons conseils et d’aventures à deux roues. Si vous voulez les suivre et échanger avec eux, Déborah est sur Twitter et Jérôme est sur Intagram ! Je leur laisse à présent la parole, et les remercie du fond du coeur.
Je dois vous avouer plusieurs choses. La première, c’est que cela fait trois ans que je suis tombée amoureuse de l’Ecosse, depuis une randonnée de six jours sur le Skye Trail. La seconde, c’est que je suis nulle à vélo. Nulle, dans le genre, je m’y suis mise un peu sérieusement au mois de mai dernier.
Alors quand mon compagnon, moniteur de VTT et accompagnateur en montagne, m’a proposé de partir en voyage en vélo cet été, j’ai non seulement dit « oui » et quand il a ajouté « pourquoi pas l’Ecosse ?», j’ai répondu, « mais grave ! ».
J’aurai peut-être pu proposer quelque chose du genre : « pourquoi pas la Flandre », ou « le Plat Pays, c’est par où ? », « Il fait beau en ce moment dans le sud ? »
Non. L’Ecosse.
Direction Internet, pour voir ce qu’il est possible de faire. Déjà, notre première expérience sur Skye nous avait permis de tester le fameux camping sauvage à l’écossaise. En fait, vous pouvez plus ou moins planter votre tente où vous le souhaitez. Cette fois-ci, nous découvrons le fameux site internet Sustrans qui répertorie toutes les routes cyclables et propose des randonnées en vélo-voyage à travers le pays. On peut donc facilement créer sa propre aventure en combinant différents circuits. Nous optons pour la Caledonia Way qui part de Campbeltown au sud de la péninsule de Kintyre et qui remonte au nord des Highlands, jusqu’à Inverness. Nous avons adapté le trajet pour partir directement de Glasgow à vélo, direction la station balnéaire d’Adrossan et son terminal de ferry, qui peut nous transporter sur l’île d’Arran. Une fois l’île traversée et un second ferry pris, on peut rouler jusqu’à Tarbert et, hop, rejoindre le trajet de la Caledonia Way.
Les vélos, nous les avons : deux « gravel » avec des pneus en 700 x 40 pour l’un et 700 x 45 pour l’autre. Pour leur transport jusqu’à Glasgow, nous avons opté pour des housses (la marque française Budsport propose un modèle très bien conçu). Il ne nous restera plus qu’à les monter dans la chambre d’hôtel. Bon ça, c’était sans compter sur les retards de valises, qui arrivent donc après nous, dans l’avion suivant, et nos vélos ne seront prêts qu’à partir de minuit une veille de départ à vélo. Bref. La prochaine fois, prendre en compte que si nous avons des changements d’avion, les valises ont peu de chance de suivre. Nous avons prévu de faire les touristes à Glasgow à notre retour de voyage vélo, parce que c’est toujours un plaisir de manger au Sloans ou de découvrir de nouveaux endroits. En attendant, direction les Highlands !
Jour 1 : De Glasgow à l’île d’Arran
Il y a quelque chose de fondamentalement doux à partir à l’aventure depuis le centre-ville. Il est 10h30, nous voici sur nos vélos chargés. Les différentes routes de vélo depuis les berges aménagées de la Clyde sont très bien indiquées et même en hyper-centre, les voitures restent très respectueuses des vélos. La règle numéro 1 : rouler à gauche ! Et ce n’est pas forcément simple pour les petits Français que nous sommes.
Nous suivons la National Cycle road 7, direction Paisley, entre parcs, terrains de golfs et jolies maisons dans des quartiers pavillonnaires. Il pleut pour notre départ, mais c’est l’Ecosse : le soleil reviendra d’ici une heure ou deux. Passé Paisley, nous roulons sur une voie sans aucun trafic, une ancienne ligne de chemin de fer ou de nombreux Ecossais promènent leurs chiens. Dès qu’ils nous aperçoivent, ils les appellent tout de suite et les retiennent auprès d’eux en nous souriant. Pour ceux qui ont peur de nos amis à quatre pattes, autant dire que ça ne craint rien. Pause repas à notre premier loch, le Castle Semple Loch, dans un café-vélo. Les premières côtes nous attendent dans les villages suivants, je commence à râler un peu avant notre arrivée à Ardrossan, où enfin, nous voyons la mer ! Ardrossan est une petite station balnéaire très jolie, située en face d’Arran et de ses montagnes. Un soleil d’hiver froid se réverbère dans l’eau et nous glace légèrement l’échine.
A 16h30, nous prenons le ferry, direction Brodick, sur l’île d’Arran, accompagnés d’une dizaine d’autres cyclistes, qui arrivent du Lake District, au nord de l’Angleterre. Après un dîner au pub, nous plantons notre tente sur la plage, sur les conseils de la serveuse. Brodick se détache à notre droite, la mer est calme, une légère pluie nous accompagne pour cette première nuit.
Jour 2 : Brodick –Knapdale
Malgré un réveil matinal, nous prenons du retard suite à une crevaison sur le vélo de Jérôme. Un Ecossais qui promène son chien vient papoter avec nous et insiste : il faut déjeuner à midi à la cabane à sandwichs de Lochranza ! Cet avis ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, je viens de petit-déjeuner, mais j’ai déjà faim.
Direction Lochranza, pour les sandwichs, mais aussi pour prendre le ferry qui nous emmènera sur la péninsule de Kintyre récupérer la National Cycle Route 78, surnommée la Caledonia Way. Il pleut, il pleut mais la route côtière vaut le coup et je dois serrer les dents pour notre première vraie côte du voyage. Ça pique mais les quelques cyclistes qui me dépassent sont plein de gentils mots d’encouragements. Je n’arrive pas à leur répondre, le souffle me manque. Jérôme m’attend en haut, en mode pom pom boy, et nous attaquons une descente de toute beauté sur la distillerie d’Arran. Il n’y a presque pas de trafic, et la route s’enfonce à travers les contreforts montagneux pour arriver sur une baie ravissante. Le soleil passe à travers les nuages, de belles éclaircies qui façonnent le paysage, et nous faisons un stop à la distillerie, pour remplir notre flasque. De toutes façons, nous avons raté le ferry, il faudra attendre encore deux heures avant le suivant : nous avons donc le temps non seulement pour un café, mais également pour aller goûter ce fameux sandwich. Qui est effectivement une merveille, option saumon fumé à chaud, et rien que d’y penser en tapant ces lignes, je souhaite retourner attendre le ferry.
Le ferry nous amène à Claonaig, direction Tarbert. Le début du chemin est une route secondaire, donc avec presque pas de passage. L’intérêt de ces routes est aussi que les voitures ont peu de chance de nous doubler : trop étroites, il faut attendre d’arriver à une zone de croisement, une passing place, qui ressemble à une place de parking (ne vous y garez jamais si vous venez en voiture). Elles roulent donc doucement derrière nous quand besoin est, et avec patience. Le soleil est de plus en plus franc, les nuages disparaissent, mais il nous reste 8 miles pour rejoindre Tarbert sur une route… très fréquentée. Camions et voitures, respectueuses de mon allure d’escargot dans les montées, qui accélèrent rapidement dès que possible pour me doubler. Malgré tout, ce pic de stress nous fait réfléchir pour la suite de notre trajet. Vaut-il mieux rejoindre Ardrishaig et Lochgilphead par la nationale (15 miles) ou prendre le long chemin qui suit la péninsule de Knapdale et ses 38 miles ? La vue des camions qui roulent à toute allure, mon cœur qui ne s’est toujours pas calmé et la mine soucieuse de Jérôme finissent par nous convaincre : direction la longue route.
Et autant vous dire qu’on a bien fait.
Cette version longue nous fait passer par une route secondaire qui, après une traversée par la forêt et ses fougères, nous entraîne au bord de la mer. En face de nous se détachent les îles de Jura et Islay. Des moutons paissent tranquillement dans l’herbe, les couleurs semblent presque trop franches sous le soleil. Des vaches et leurs veaux, des faisans qui s’envolent à notre passage, et là, en position de bananes, des phoques profitent de la chaleur. Ce détour sera l’un de nos plus beaux souvenirs à vélo. L’endroit est paisible, le paysage somptueux, mais qu’est-ce que ça fait mal aux jambes ! Et voilà que je monte et voilà que je descends, et voilà que je remonte et… (vous aurez compris la musique). Nous plantons notre tente à l’extrémité du joli loch Caolisport, alors qu’un manoir nous observe de l’autre côté du plan d’eau. La nuit s’annonce belle, juste une jolie averse nous réveille vers minuit. Et nous tenons à nous excuser envers le chevreuil qui a du se prendre les pattes dans nos vélos et aboyer en conséquence.
Conseil : si vous décidez de passez par Knapdale, prévoyez nourriture et pastilles de purification d’eau. Il n’y a pas de boutiques et à peine quelques maisons sur ce trajet.
Jour 3 : Knapdale – Oban
Ce qui aurait dû être l’étape la plus longue et physique du voyage va se transformer rapidement, avec l’arrivée du mauvais temps. Alors, certes, tout s’était bien passé au début. Le retour sur Ardrishaig est plus qu’agréable, malgré une rencontre malencontreuse avec un bus qui a décidé de me klaxonner (rappel : il n’y a pas de bas-côté sur ces routes, et il faut attendre la voie de dépassement) (ce sera le seul véhicule vraiment relou du voyage). Bref, au moment de lâcher les freins, nous descendons sur un loch dans une jolie plaine face à la mer en contrebas, et au soleil levant. La vie est dure.
Nous faisons néanmoins un nouveau détour et pour éviter à nouveau les camions et la route principale : cette fois-ci pas le choix, il va falloir pousser les vélos sur une route non bitumée avant de suivre d’agréables pistes forestières et terminer notre chemin le long d’un canal piéton. A Lochgilphead, un bon brunch nous attend, au chaud derrière des murs de pierre, dans une atmosphère feutrée… Les Ecossais nous mettent en garde, a priori il va faire vraiment mauvais temps cet après-midi, et cela nous donne encore moins envie de quitter nos sièges et nos cafés chauds. Que veut dire « mauvais temps » pour un Ecossais ? Méfiants, nous optons pour la solution de facilité : bus et auberge de jeunesse.
Alors, il faut savoir que les bus n’ont aucune législation concernant les vélos. Ils peuvent ou non les prendre, ça dépend avant tout du nombre de personnes à bord. Nous croisons les doigts et après avoir légèrement râlé (surtout sur le fait que nous n’avons aucune couverture pour ranger nos vélos), le conducteur du bus qui nous amène à Oban finit par nous accepter. Il faut dire que nous ne sommes que trois dans son véhicule. Ça aide. Les vélos sont posés en vrac dans la soute, et nous profitons de cette heure et demie de trajet pour admirer la vallée de Kilmartin sous la pluie et les nuages gris, véritable musée en plein air des périodes néolithiques et de l’âge de bronze. Soupir, il nous faudra revenir pour profiter de l’endroit.
Oban nous attend, avec un lit, une douche, et de quoi faire sécher notre tente. Jérôme en profite pour faire un peu l’entretien des vélos, et les remettre en forme. En plus, demain… ce sont les Highland Games.
Jour 4 : Vivre les Highland Games à Oban
Est-ce un peu tôt pour faire une halte ? En tous cas, ce serait bien dommage de rater ce dont je n’avais jamais entendu parler que dans la Jeunesse de Picsou de Don Rosa, à savoir, les Highland Games.
Tout commence à 10h30 sur la place centrale d’Oban, où une vingtaine de cornemuses vont lancer la procession vers le stade de la ville. Selon un habitant du coin, venu nous parler voyant nos mines de touristes, les musiciens sont parmi les meilleurs mondiaux et n’ont jamais joué ensemble. Il vante la compétition et ses jeux qui ont 200 ans, et serait la meilleure compétition du pays (avec celle d’Inverness quand même). Nous suivons alors la procession, prêts à admirer lancer de cailloux, danseurs et danseuses traditionnelles, course à pied, lancer de marteaux et des kilts de partout. Il fait frais, mais les étals de nourriture à base de bières, de frites, de crêpes et autres alimentation ont tôt fait de nous réchauffer. La journée se termine tranquillement par une visite à la distillerie de Oban : notre flasque est vide, il faut la remplir avant de repartir le lendemain vers Fort William.
Jour 5 : Oban – Fort William
Départ sur les vélos depuis l’auberge de jeunesse à 8h. Il ne pleut pas. Le départ d’Oban est assez raide, mais nous rejoignons rapidement une très agréable piste 100% cyclable, ancienne voie de chemin de fer, qui nous fait longer la côte et des lochs. La piste est presque intégralement plate, et nous arrivons rapidement à Corran, vers midi, 61 km plus loin. Le plus stressant sont les quelques traversées de la nationale pour rejoindre un bout ou l’autre de la piste cyclable. Nous passons à proximité du château de Morwen, seul au monde et perché sur son île, comme un décor de film. À Corran, nous évitons la route très fréquentée et effrayante qui va à Fort William en prenant le ferry pour Ardgour et traversant le Loch Linnhe. A savoir, le ferry est gratuit pour les piétons et les vélos. Nous longeons alors le Loch Linnhe pour récupérer le ferry pour Fort William à Camusnagaul. Encore un chemin magnifique qui n’est presque pas fréquenté, où nous traversons de nombreuses rivières, alors qu’à notre gauche nous pouvons admirer des vallées se perdre au fin fond des montagnes. Des paysages se déploient sous nos yeux ébahis à chaque virage, comme autant d’invitations à des randonnées ou à la rêverie. Si Knapdale et le soleil mordant offraient des verts tranchants, nous sommes ici dans un milieu plus doux, avec des dégradés de couleurs, les ocres rouges des roches, le violet des montagnes encore humides, et le blanc des moutons qui broutent sur les plages se fond dans les paysages.
A Camusnagaul, il faut faire attention à ne pas rater le ferry, un tout petit vaisseau. Les vélos doivent être attachés sur le toit du navire, une fois les sacoches enlevées. Notre arrivée à Fort William est difficile moralement, il y a du monde de partout ! Nous allons à la gare, pour se renseigner sur le train qui dont nous ramener d’Inverness à Glasgow. Alors, oui, nous n’avions pas pris de tickets retour sur Glasgow, mais il faut dire que comme je n’avais jamais fait de vélo, nous avions préféré nous laisser une certaine marge de manœuvre… Malheureux ! Les emplacements vélo sont chers sur ce trajet, et il faut réserver au moins une semaine à l’avance pour espérer avoir un emplacement ! Pas deux jours !
Nous sommes tristes.
Tant pis pour Inverness, nous nous arrêterons au bord du Loch Ness, à Fort Augustus et feront alors demi-tour pour prendre le train depuis Fort William. Ce sera un peu court pour partir à la chasse de Nessie… Pour le moment, nous trouvons un endroit où dormir à proximité du fameux Canal Calédonien, au-delà de l’Escalier de Neptune. Et nous sommes réveillés au milieu de la nuit par trois renards qui ont décidé de glapir à proximité de la tente.
Jour 6 : Canal Calédonien – Fort Augustus – Loch Lochy
Voilà déjà l’une de nos dernières étapes, et sans doute celle où nous croisons le plus de monde. Il faut dire que cette partie de la National Route 78 est partagée avec la randonnée pédestre de la Great Glen Way. Nous partons du bord du canal pour longer trois loch : le Loch Lochy (qui tient son nom d’une déesse sombre, et j’imagine que tout point commun avec un certain Loki serait fortuit), le loch Oich, et un canal qui nous amène au Loch Ness. Le chemin qui longe le Loch Lochy est en fait un sentier pédestre assez accidenté, entouré de hauts et larges hêtres et épicéas sur les flancs d’une montagne qui tombe à pic dans l’eau. Une fois sortie du bois, nous nous arrêtons pour un café au Laggan Locks avec une très jolie vue sur Lochy et la forêt de Clunes. Changement d’atmosphère le long du Loch Oich, avec une longue piste plane, douce et recouverte de bruyères. À Invergarry, des habitants ont réhabilité une locomotive pour en faire un musée en plein air, à proximité duquel nous passons. Des ruines d’habitations de pierre et d’étranges navire abandonnés font flotter dans l’air ce qu’il faut de mystère pour nous faire rêver en roulant.
La dernière partie qui nous amène à Fort Augustus récupère le Canal Calédonien, entre écluses, bateaux de plaisance, kayakistes et autres randonneurs. Le soleil nous accompagne tous avec le sourire est le partage du sentier est plutôt aisé. Il y a de plus en plus de monde sur le chemin au fur et à mesure de notre arrivée à Fort Augustus, petite ville remplie de touristes et de cars qui passent pour la photo obligatoire au bord du Loch Ness avant de continuer leur route. Bien entendu, nous ferrons aussi cette photo, au bord de la cachette de Nessie qui est point d’arrivée de notre randonnée. Dans le loch, un homme pêche à la mouche, imperturbable face à la foule qui se presse derrière lui. Le temps d’avaler un haggis et une bière, nous revoilà partis pour une nuit au bord du Loch Lochy. S’il existe une plage aménagée pour le camping sur notre trajet, nous nous préférons nous éloigne un peu pour trouver un champ de trèfles pas très loin d’une belle plage où dîner tranquillement. Des voisins font un feu discrètement, nous trinquons à notre voyage avec du whisky d’Oban, un peu mélancoliques de déjà finir notre périple…
Jour 7 : retour à Fort William
Le soleil nous réveille en passant à travers les arbres, comme une vision féerique qui ne nous fait pas regretter notre lieu de couchage, mais avec un peu de tristesse de ne pouvoir aller jusqu’à Inverness. Pour chasser les dernières traces du sommeil, Jérôme en profite pour se baigner dans le loch.
Sur notre chemin du retour, nous faisons un détour par Eas Chia Aig, une très belle cascade au pied de laquelle existe une « witches’ pool », une piscine aux sorcières. Nous cherchons les sorcières, en vain. Par contre, un café au bord du loch nous permet de voir que la nuit en forêt a apporté son lot de tiques sur les jambes, une pour moi et deux pour Jérôme. Nous remballons les affaires après nous être débarrassé de ces petites bestioles, et passons l’après-midi à flâner dans Fort William, après avoir manger une glace (faite sur l’île d’Arran) parce qu’il fait suffisamment chaud pour que ce soit agréable !
Le lendemain il nous faudra rentrer sur Glasgow…
Jour 8 : retour à Glasgow et… surprise !
Bon, d’accord, nous avons compris pourquoi il n’y a pas beaucoup d’espaces dans les trains. Déjà, il doit y avoir trois ou quatre (maximum) train par jour pour Glasgow. Et chaque train n’a que cinq emplacements à vélo. Voilà, voilà. Cela ne laisse pas beaucoup de marge. Les valises se mettent majoritairement en dessus de la tête est les sièges sont très confortables.
Ce trajet, ce trajet… Ce trajet en train est magnifique. Tout simplement. Il passe au milieu de l’Écosse, sur de hauts ponts, à travers les vallées et au pied des lochs et des montagnes. Il s’arrête dans de minuscules gares au milieu de champs perdus. C’est un régal pour les yeux.
A proximité de Loch Lomond, Jérôme se tourne vers moi, des paillettes dans les yeux, alors que je suis à moitié endormie par les bercements du train : « Et si nous descendions au prochain arrêt et rentrions à Glasgow en vélo » ?
Il fait un temps splendide. Difficile de trouver mieux comme excuse que « j’ai la flemme ».
Nous sortons donc de notre sac une carte achetée la veille de toutes les voies cyclables d’Ecosse et décidons de reprendre nos vélos à la gare d’Helensburgh… le lieu de naissance de la comédienne Déborah Kerr (à qui je dois mon prénom) et de l’inventeur de la télévision John Loggie Baird (à qui nous devons tous Buffy contre les vampires).
Le retour à Glasgow se passe plutôt bien. Les bords du Loch Lomond sont surchargés de trafic, les voitures avancent collées les unes aux autres, mais les voies cyclables sont vides. Nous rejoignons rapidement la Clyde, en passant par des banlieues moins aisées qu’à notre départ. De nombreux pêcheurs sont les pieds dans l’eau, et nous croisons mêmes des vaches sous des lignes à haute tension. Malgré les indications toujours très bonnes des panneaux, nous parvenons à nous perdre en arrivant à Glasgow : nous passons par l’un des endroits les plus étranges que je n’ai jamais vu. Un tunnel sous la Clyde, digne des plus grandes poursuites de James Bond. Pas une lumière, des vélos qui roulent à toute allure, des piétons qui mettent plus d’une dizaine de minutes pour traverser dans ce tunnel sans lumière naturelle. Notre arrivée sur la partie plus aménagée de la Clyde reste magnifique, entre ponts et sculptures, promenades sur la berge et grand soleil. Je râle un peu, j’ai faim, mais cette arrivée en vélo permet de conclure notre premier voyage itinérant (et qui ne soit pas à pied ou en voiture) avec un sentiment de joie. Nous sommes partis et revenus à vélo. Nous avons lutté contre les midges et la pluie. Nous avons mangé nos oatcakes avec du beurre de cacahuète seuls au monde au bord des lochs perdus. Nous n’avons pas vu Nessie mais nous avons visité les Highlands. Nous avons eu des soirées douces, et des matinées sous la pluie.
Après 400 km en amoureux, je pense avoir mérité une pinte et un Mac’n’cheese au pub le plus proche. Et un peu de tourisme aussi.
Conseils pour vivre un beau voyage à vélo en Ecosse
- Comme c’est habituel dans les Highlands, attention aux midges.
- Prenez des tire-tiques.
- Réservez votre train si vous connaissez votre rythme.
- Vérifiez les horaires des ferrys.
- Pour petit déjeuner ou déjeuner en mode économique, les boulangeries (bakery) sont vraiment très bonnes, peu chères, tiennent au ventre, et certaines sont même équipées de tables et de chaises. On trouve facilement de bons cafés un peu partout et à toutes heures. Idem pour la nourriture, il y a toujours un pub pas loin (sauf à Knapdale).
- Si vous ne pouvez laisser vos valises dans un hôtel, il existe des consignes payantes.
- Très important pour se préparer: la carte de toutes pistes cyclables !
Est-ce qu’on recommencera ?
Oui, oui, mille fois oui ! Tout d’abord, Sustrans a fait un travail remarquable. Ensuite, on sait maintenant que la moindre route secondaire est plus qu’accueillante pour les vélos si on veut sortir des chemins tracés. Ensuite, nous n’avons pour ce voyage fait aucune nuit en bothy, il faut remédier à cela. Prochaine destination, peut-être la région d’Édimbourg ou le Kingdom of Fife. En tout cas, ce sera au programme, le plus vite possible ! Et maintenant, nous sommes au courant : privilégier la boucle ou prendre des billets de train en avance.
Point matériel pour notre voyage en Ecosse à vélo
- Les vélos : un Kona Sutra LTD et un Trek Checkpoint SL5
- Les sacoches : à l’avant et en sacoches de selle, des Revelate design. Sur le vélo de Jérôme, une sacoche de cadre Apidura. Sur la fourche de Déborah, deux porte-bidons Blackburn.
- Les valises : Deux Budsport Rollbag.
Wahou merci pour ce partage ! article excellent, quelle belle aventure 🙂
Hello,
Le chateau de « Morven » qu’on voit sur la photo, ressemble d’avantage au Castle Stalker a proximité d’Oban, et qui me semble a été utilisé dans le film Monty Python (d’où l’impression peut-être de décor de film :))
Super article, ça donne envie de se mettre au vélo !!
HAN MAIS SI
Toutes mes excuses, je me suis emmenée les pinceaux. C’est bien le Castle Stalker (et j’ai honte de jamais avoir vu de films des Monthy Pythons).
Merci pour votre retour !
Bonjour,
Super article ca donne envie. Mais vous avez laissé ou votre valise velo pdt votre voyage ?
Bonjour Hélène et désolée du délai de réponse.
Nous sommes allés dans un hôtel, à Glasgow, le même à l’aller et au retour, et avons demandé à y laisser nos sacs. Ils ont accepté une valise vélo. La seconde a été laissée pour la semaine à la consigne de la gare de Glasgow.
Vous pouvez aussi, sur certaines compagnies aériennes, je pense à Air France, commander des cartons pour vélo (et donc les détruire à votre arrivée dans une benne consacrée). L’ aéroport de Glasgow est ainsi accessible par une voie cyclable !
Bel hiver !