Il est 5h30 quand le réveil sonne ce matin. Jeudi, le 23 juin, les Britanniques votaient pour le retrait ou non du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Je prends mon téléphone et je vois le message d’une amie : « pffff on se barre ». Réaction immédiate. Entre incrédulité et… Non, juste incrédulité en fait. Ce n’est pas possible. C’est une mauvaise blague. J’ai un milliard de pensées dans ma tête et en même temps aucune. C’est étrange, comme sensation.
Donc c’est décidé. Le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne. Loin de moi l’idée de faire un texte politique ici. Je n’en ai ni le courage, ni la volonté et encore moins les connaissances pour. Mais le fait est que French Kilt est aussi un blog sur l’expatriation. Les décisions politiques font partie intégrante de la vie d’expatrié. Alors c’était important d’en parler.
Voici un florilège des réactions et des témoignages récoltés au fil de conversations en ce premier jour après le Brexit.
Quand j’arrive a l’école où je travaille le matin, le chef met la radio. L’animatrice parle du Brexit. Forcément. Le chef râle : « je ne tiens pas à écouter ça », avant de changer pour une station où il y a de la musique.
Ma collègue espagnole arrive à la pause musicale quand elle entend que le Brexit est passé. Elle est abasourdie. On en discute un peu avant qu’elle me glisse un « mais qu’est ce qu’il va se passer pour nous, les Européens ? » Elle se sent un peu égoïste de penser ça, mais la réalité est pleine d’incertitudes et les questions sont légitimes. Elle s’inquiète parce que son compagnon s’envole pour Paris dans deux heures. Elle s’excuse pour lui passer un coup de fil et lui rappeler de prendre son passeport « au cas où ».
Une autre collègue, écossaise cette fois, me dit qu’elle est sous le choc. » je m’en veux d’avoir hésité à voter pour le Leave. Je pense que les gens se basent sur un idéal qu’en fait on ne peut pas atteindre. » Elle dit que l’Europe va mal et c’est pour ça qu’elle a hésité. Mais elle a beaucoup réfléchi et a voté « Remain » parce qu’en réalité « on ne peut pas se replier sur soi-même c’est encore pire ». Elle ajoute que « c’est peut-être horrible de le dire, mais c’est injuste de la part des vieux de voter pour le Brexit. Dans 5 ans, ils ne sont plus là. Ils ne vivront peut-être même jamais les conséquences de cette décision ». Elle essaie de trouver une consolation en se disant que Nicola Sturgeon, premier ministre en Écosse, va sûrement demander un autre referendum pour décider de l’indépendance de l’Ecosse, acte qui pourrait permettre de rester dans l’Union. Elle espère encore.
Une maman vient me voir pour compléter des documents. Elle se trompe : « pardon, je n’ai pas très bien dormi cette nuit. Quelle histoire! » On recommence les papiers une seconde fois. « Tout de même, quelle histoire! »
Dans la cour, la rumeur se propage. Une enseignante vient me voir « j’ai l’impression que c’est la fin du monde. Le doomsday est là. » Elle rigole. « Je suis dans un roller coaster. J’ai envie de me dire que ça va aller, que ce n’est pas grave, mais j’ai un doute. Enfin plusieurs. J’espère qu’il ne va pas y avoir d’émeutes… » Un autre collègue lui dit qu’il y aura une réunion avec la directrice pour savoir comment en parler avec les enfants.
Plus tard, au bureau, je vais voir ma directrice. Elle me demande plusieurs fois si je suis sûre de rentrer de France dimanche soir, où je me rends pour le weekend. Il y a quelques jours, une collègue m’avait dit que la direction commençait à s’inquiéter si jamais la situation pour les étrangers se compliquait en cas de Brexit. On verra bien. Dans le bus, une passagère pleure discrètement en lisant le journal. C’est dur.
La situation est d’une tristesse sans nom. C’est un gros coup dur pour tous les expatriés au Royaume-Uni mais pas seulement. Je suis en colère et blessée quand je pense à tous ces jeunes qui vont devoir subir les conséquences d’un choix qu’ils n’ont pas fait. Quelques jours après l’annonce du résultat, c’est déjà le chaos en Angleterre, la violence envers les « Autres » est exacerbée, des actes racistes sont commis absolument partout.. C’est un peu comme si les Anglais, d’habitude incapables d’élever la voix plus que de raison, se sont découvert une nouvelle passion pour les amalgames et la haine. C’est d’une tristesse sans nom. J’avoue que j’ai mal à mon Angleterre. xx
Je n’ai pas suivi tout ce qu’il s’est passé ce weekend étant en France mais je plains l’Angleterre en effet. Au moins ici on se console parce qu’on est tous dans le même panier. Viens t’installer en Ecosse !
Ma première réaction: « j’y crois pas, ça doit être des résultats temporaire », 2ème réaction: « non c’est possible, mais qu’est-ce qu’ils ont fait ». Et là, je suis partagée entre déception, incompréhension et colère parce qu’on dirait bien que certains n’ont pas réfléchit aux conséquences de « après », qu’il n’y a pas de plan et que c’est un vote de protestation qui s’est fait sans que les gens ne se renseignent sur les conséquences que ça aura sur leurs vies et aussi sur les vie des étrangers (et des britanniques qui vivent à l’étranger). Au final, on verra bien ce qui va se passer mais ça fait mal de voir ça…
Il y a beaucoup de témoignages en effet de personnes qui disent avoir voté par contestation. C’est dommage de se dire que les sondages étaient déjà tellement serrés que les gens n’ont pas pris en compte les conséquences de leurs actes.
C’est aussi con de se dire qu’ils ont voté pour une idée plus que pour des propositions concrètes.
Je ne m’inquiète pas vraiment des conséquences par rapport au fait que je suis étrangère, ça ne changera pas grand chose par rapport à ça. Mais il n’en reste pas moins que les changements vont affecter tout le monde et pas dans le bon sens.
Je pense que certaines personnes ont voté pour des raisons tout à fait valables mais je ne voudrais tout de même pas me retrouver face a face avec un pro-brexit sans lui hurler dessus.
Je me console dans le fait que Nicola fait tout pour sauver l’Ecosse de cette situation. C’est très égoïste par rapport à l’Irlande et à Londres mais bon, visiblement l’égoïsme s’est répandu partout