Bon, puisque récemment on a eu quelques échappées poétiques, voici une interview exclusive, mais totalement fictive, de Nessie, le monstre du Loch Ness. Nous l’avons rencontrée lors d’une petite rêverie aux alentours d’Inverness, dans le nord de l’Ecosse.
French Kilt : Nessie, comment ça va aujourd’hui ? Bien ou bien ?
Nessie : Ecoute, je dirai qu’avec toutes ces tempêtes et les chutes de neige, on a eu un hiver assez calme. Les bus de touristes se sont légèrement espacés mais je crois que… La pause est bientôt finie. Je vais retourner dans les tréfonds de mon lac, remarque, ça me gêne pas, il y fait meilleur, il n’y a pas de vent…
FK : Ah la chance ! Mais tu te sens pas parfois toute seule, ici ?
Nessie : Tu déconnes ! Je vois tout, tu sais, depuis le fond. Les selfie sticks, les gens qui froncent les sourcils en regardant la surface de l’eau, les gens du village qui rentrent le soir. Finalement, c’est assez monotone, c’est vrai. Mais tu sais, mon lac fait plus de 56 km2 de superficie, j’ai de quoi faire… Les gens pensent toujours que je vais rester dans le coin de Urquhart Castle, mais franchement, c’est là que l’eau est la plus fraîche.
FK : Euh… Froide, tu veux dire ? Bon, au fait, tu as quel âge ?
Nessie : Difficile à dire ! J’étais là quand ils ont construit le château, j’ai vu les générations s’enchaîner sur la route du village de Drumnadrochit, j’étais là quand les touristes avaient des mulets, des pattes d’éléphant, et là récemment je me demande un peu ce que c’est, toutes ces barbes. Tu as une idée ? On appelle ça comment ? Bref, tu me demandes mon âge mais tu n’as même pas pensé qu’à part vous, les humains, personne n’en a rien à faire de votre stupide calendrier.
FK : Tu fais sans doute référence aux hipsters. Excuse-moi mais trouves-tu ça juste que tu sois devenue le symbole de l’Ecosse ?
Nessie : Parce que c’est ma faute ? Alors déjà, je suis ni le premier, ni le dernier monstre d’Ecosse : un peu partout, tu peux trouver des kelpies, les monstres sous-marins, et personne ne leur demande rien, à eux. Tu sais, si on ne m’avait pas trouvée, j’aurais quand même été vachement plus tranquille. Bon, ça fait seulement cent ans que vous m’avez grillée, ça rend un peu plus difficile de choper des moutons les jours de festin, mais bon, qui n’aime pas les challenge ? Parfois, je me sens même fière, d’être recherchée, observée, fantasmée… Mais j’aimerais juste que les visiteurs viennent autour du lac pas seulement pour chercher ma trace, mais aussi pour randonner, apprendre, respirer, se relaxer. Parfois, ils oublient, je crois.
FK : Est-ce que tu rêves de voir le monde ?
Nessie : Parfois oui, parfois non. Le monde vient déjà à moi. Je vous connais bien, depuis le temps. Je n’ai jamais bougé de mon trou mais j’en sais sans doute plus que toi, tu sais, humain. Je dois dire qu’un jour, on m’a parlé des baleines et j’aimerais bien aller me mesurer à elles. Je vais te confier un secret. Parfois, j’ai juste envie de surgir, faire quelques roulades, et juste m’épanouir. Mais tu imagines, si je me permettais ça ? J’ai un peu de jugeote, tu sais. Je ne peux pas faire ça à votre monde. Et mes voisins, les Ecossais, sont de bons bougres. Je ne veux pas leur attirer plus de galères que je ne le fais déjà…
FK : Dans l’autre sens, on peut dire que les touristes qui viennent à ta recherche font vivre la région…
Nessie : Si on veut. Tu as raison au fond : sans les rumeurs qui courent sur mon existence, peut-être que la région ne serait pas du tout touristique ! Et pourtant, avec le parc national des Cairngorms, juste à côté, l’île de Skye pas si loin, il y a vraiment de quoi faire…
FK : Nessie, si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerai…
Nessie : Dis donc vous êtes pas un peu ringards, là, chez French Kilt ? Même pour moi, Joe Dassin, c’est un peu vieux…
FK : Et pour finir, juste parce que Tao insiste : est-ce que tu es Charlie ?
Nessie : Bah nan… Juste Nessie, quoi.