« Pourquoi ? » Voilà la question que j’ai entendue lorsque j’annonçais, la semaine dernière, que j’allais passer un week-end à Falkirk, une ville à une demi-heure d’Edimbourg et de Glasgow. « Pour voir » fut ma réponse. « Pour essayer« . Falkirk ne figure en général pas sur les to-do-list des voyageurs en Ecosse, et pourtant, elle mérite qu’on s’y arrête pour son histoire originale et sa facilité d’accès. Falkirk a toujours été une étape, un lieu de passage. Son histoire est fortement liée aux canaux qui relient les deux côtes d’Ecosse et aux splendeurs et misères de la révolution industrielle. Deux sites, cependant, font sa renommée internationale : les Kelpies, ces deux sculptures équestres gigantesques, et la Falkirk Wheel, un petit bijou d’ingénierie. Mais ce qui m’a le plus intéressée, ce sont les petits mystères du centre-ville de Falkirk et ses lieux de vie. Allez, on file.
Avant de commencer, j’adresse un grand merci à la municipalité de Falkirk qui m’a invitée à découvrir la ville et ses environs.
Falkirk, entre les Kelpies et la Falkirk Wheel
Depuis leur présentation officielle, en 2014, les Kelpies font tourner toutes les têtes. Ces deux sculptures équestres hautes d’une trentaine de mètres sont visibles de loin – surtout de l’autoroute – et sont installées dans le parc du Helix, fruit d’un grand projet de réhabilitation. Pour ces élégantes silhouettes, c’est le succès immédiat : en quelques années, elles font leur entrée dans le « top 10 » des lieux les plus visités en Ecosse. Pour faire naître ces chevaux, le sculpteur Andy Scott s’est inspiré du mythe des Kelpies : ces créatures imaginaires écossaises ont une allure de cheval, mais peuvent se transformer en humain. Ils vivent dans les rivières ou dans les lochs, et peuvent séduire, noyer, dévorer les hommes. Appétissant.
A ce mythe, se superpose une autre image, en filigrane : celle des chevaux de trait, qui travaillaient sans relâche le long des canaux qui firent la renommée de Falkirk, et dans les industries florissantes de la région. Ce symbole souligne encore une fois la nature de « trait d’union » de cette région, entre deux canaux, deux capitales, deux côtes d’Ecosse… Essayez d’imaginer ces deux têtes émergeant de l’eau, avec, sous la surface, de solides carrures. Imaginer cette immensité donne un peu le tournis !
La construction d’une telle oeuvre a pris tout juste trois mois, en 2013 et les Kelpies furent présentées au public pour la première fois en avril 2014. Sacré projet. Pour mieux comprendre, rien ne vaut un petit timelapse…
Tous les jours, il est possible de suivre une visite guidée qui emmène les visiteurs à l’intérieur de l’un des Kelpies de Falkirk pour en comprendre la structure. La visite coûte £7.5 et dure 30 minutes.
Depuis le site des Kelpies, on peut marcher ou prendre un petit bateau (on aime décidément bien les symboles, dans le coin) jusqu’à l’autre site célèbre de la région de Falkirk, la Falkirk Wheel. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire toute la balade, mais j’ai pris le bus pour aller enfin observer par moi-même cette étrangeté. Avant les mots, une photo :
La Falkirk Wheel est un système unique qui permet de « transvaser » littéralement les bateaux et péniches d’un canal à l’autre. C’est tout simplement un « échangeur » entre Union Canal et Forth & Clyde Canal, reliant ainsi facilement les deux côtes d’Ecosse. Ce projet pharaonique a vu le jour en 2002, après quatre ans de chantier et 15 000 boulons serrés à la main. C’est vraiment très impressionnant à voir car la roue tourne régulièrement. De quoi rassurer Frank…
Si le coeur vous en dit, il est possible de « tester » la roue en prenant place à bord d’un petit bateau qui fait une boucle, d’un canal à l’autre. La balade coûte £13.5 et peut se réserver en avance. Le centre des visiteurs est également très intéressant, car on y comprend toute l’importance d’un tel outil. Je ne savais pas du tout que ce système de roue hydraulique était unique au monde. Bien joué, Falkirk !
Histoire de se dégourdir les jambes, il est possible de marcher de la roue jusqu’aux vestiges du mur d’Antonin, mais ça, je vous en parle plus bas.
Le centre-ville de Falkirk
Suivre le Heritage Trail
Avec ses allures de petite ville moyenne, Falkirk n’attire pas les foules dans son centre-ville. Pourtant, grâce au boulot de Falkirk Delivers, les petits mystères du centre-ville sont à portée du flâneur. Un peu comme partout, on trouve à Falkirk un réseau de plaques explicatives, qui mettent en lumière certains aspects de l’histoire de la région. Mais le truc cool, à Falkirk, c’est que ces lieux sont connectés par un « Heritage Trail », que l’on peut suivre grâce à une application mobile développée par la ville. Une trentaine de lieux sont ainsi réunis sur deux itinéraires, l’un tourné vers l’est de la ville, l’autre vers l’ouest.
Exactement le genre de trucs que j’adore. Sans ça, je n’aurais jamais su que la plus courte rue du Royaume-Uni se trouve dans le centre-ville de Falkirk ! J’imagine que ce titre doit être disputé par plusieurs bourgades, mais quand même, ça m’a fait sourire…
Bon… Oserais-je vous révéler d’autres petits mystères de Falkirk ?
J’ai beaucoup aimé la « Tattie Kirk » – traduction littérale : la Chapelle des Patates – qui, outre son nom charmant, est l’une des seules chapelles octogonales du pays. Si l’on ne sait pas pourquoi elle fut construite de cette manière, on aime à dire que cela empêchait le diable de se cacher dans les coins. Fair Point. Quant au nom, autre mystère : la chapelle a-t-elle été construite sur un champ de patates ? A-t-elle été utilisée comme lieu de stockage lorsque l’on cessa de l’utiliser comme lieu de culte ? Mystère. Aujourd’hui, ce bâtiment abrite une boutique, et se trouve caché dans une petite ruelle, nom loin d’un magnifique cimetière.
L’héritage Irn Bru
L’Ecosse est connue pour pas mal de choses. Notamment pour être le seul pays au monde où Coca-Cola n’est pas la marque de soda la plus consommée. Non. Ici, on carbure à l’Irn Bru, ce soda aux chatoyantes couleurs de rouille et au goût décrit par les Français comme une « saveur de sirop contre la toux ». Question d’éducation, me direz-vous. Ici, c’est la boisson populaire, et il n’est pas rare de voir des gens rentrer des courses avec une bouteille de deux litres sous le bras.
A Falkirk, ce soda a encore plus la cote, car c’est ici qu’il aurait vu le jour, même si c’est à Glasgow qu’il est aujourd’hui produit. Ca fait sens : Irn Bru, de son ancien nom Iron Brew, rappelle le passé métallurgique de Falkirk. Si rien n’est vraiment fait, dans la ville, pour rappeler l’histoire du soda et de son créateur, Barr, j’étais heureuse d’en entendre un peu plus sur cette étrange boisson, qui fait des passages réguliers dans les news : récemment, pour le changement de sa recette et la diminution des sucres. Gros tollé.
Callendar House
Clairement mon endroit préféré à Falkirk. Callendar House, une jolie maison nichée dans un grand parc urbain, est un lieu immanquable à Falkirk. Elle abrite différents espaces d’exposition pour mieux comprendre les enjeux de la région et l’histoire de la ville, un salon de thé… La cuisine plaira aux fans d’Outlander car on y a tourné une scène macabre (non, je ne vous en dis pas plus). Le parc en lui-même est super agréable et on peut facilement y passer toute l’après-midi. A ajouter sur vos listes !
Où manger à Falkirk ?
Pour le déjeuner : Johnston’s
Ce « bar bistro », comme on peut lire sur la façade, est le genre de lieu que j’aime bien, pour son ambiance relax. Sans prétention mais très bien tenu, ce fut un choix très judicieux pour la pause déjeuner : d’abord car ce jour-là, il y avait du soleil et j’ai pu m’asseoir sur la terrasse. Ensuite, pour la qualité du service. J’ai été assez charmée par l’aisance et la sympathie de l’équipe, qui m’a tout de suite mise très à l’aise. Super agréable, surtout quand on passe la journée seule…
J’ai goûté le poisson du jour, un pavé de saumon, sous le discret soleil printanier qui brillait sur Falkirk ce jour-là. Le petit moment de détente qu’il me fallait, au milieu d’une intense journée de visites…
Pour le goûter : Tea Jenny’s
Véritable institution à Falkirk, ce petit salon de thé est caché dans une petite ruelle mais est véritablement précédé par sa réputation. Ce qui me touche avant tout : une table de gâteaux gargantuesque, un petit espace cosy, du calme.
Pour le dîner : Jolly Gin and Craft
Ce bar à gin – restaurant semble être le nouvel endroit à la mode, pour la bonne cause. Avec sa décoration florale, façon petit cabinet de curiosité, il met tout de suite à l’aise. Je m’y suis arrêtée pour un Harris Gin (oui, les Hébrides extérieures me manquent) et un risotto, après une journée folle de cavalcade. En dînant seule, forcément, j’ai passé mon temps à observer les gens. C’était un soir de week-end, et j’ai vu les groupes d’amis aller et venir. C’est vraiment un chouette endroit, agréable, lumineux, qui offre une alternative aux pubs classiques. Bien joué !
Que faire hors de Falkirk ?
Le château de Blackness
Fans de Outlander, restez avec moi ! A une demi-heure de bus ou de train, au bord de la rivière Forth, s’élève le château de Blackness. Son histoire folle m’a tout de suite intéressée : fort militaire, résidence pour la noblesse, et même prison… Ce château majestueux a vraiment servi à tout. Et plus récemment, il s’est encore illustré en servant de lieu de tournage à la série Outlander. Tout est trop cool dans ce château, à commencer par son nom…
Daté du 15ème siècle, ce château a été surnommé « le bateau qui ne vogua jamais », car il est vraiment arcbouté sur la rivière. S’il est très intéressant de découvrir les différentes couches de son histoire en traversant ses nombreuses pièces, l’une après l’autre, c’est vraiment l’aspect extérieur qui m’a plu. On le voit sur cette photo, un « chemin de garde » fait le tour du château, depuis lequel on a une vue incroyable sur toute la région. Le petit port, à côté, n’enlève bien sûr rien au charme de ce splendide panorama…
Ce qu’il reste sur ma liste « Falkirk »…
Voilà tout un programme pour vivre une riche journée à Falkirk. Ou deux. Ou trois. J’ai quitté la ville en sachant qu’il me restait quelques petits trucs à creuser aux alentours. Et comme je suis sympa, je partage…
- Les vestiges du mur d’Antonin : pas aussi connu que le mur d’Hadrien, en Angleterre, le mur d’Antonin a été construit par les Romains sur 63 miles, allant de la Clyde à la rivière Forth. Ce mur, épais de 5 mètres et haut de 3 mètres, devait marquer la frontière nord de l’Empire. Aujourd’hui, on peut encore en observer les vestiges à différents endroits tout autour de Falkirk.
- Le train à vapeur de Bo’ness : bon, c’est comme ça, je suis un peu gaga des trains. Dans la petite ville de Bo’ness, juste à côté de Falkirk, on peut découvrir le musée du train et aussi faire un petit voyage à bord d’un train à vapeur. Mais comment résister ?
- La Pineapple House : dans la campagne de Falkirk, cette maison détonne avec son allure d’ananas. C’est en fait la maison d’été du comte de Dunmore, construite en 1761. On peut y passer la nuit, c’est clairement au programme pour moi !