Aujourd’hui, je mets mon costume de Stéphane Bern pour vous faire visiter un lieu historique d’importance à Edimbourg : le palais d’Holyrood, situé tout au bas du Royal Mile, la colonne vertébrale du centre d’Edimbourg.
Ce joli palais et ses tourelles m’attiraient depuis longtemps – peut-être plus que le château de la ville, mais promis, j’irai bientôt – et c’est donc d’un pas décidé et en traînant une collègue que j’ai bravé la pluie pour aller me présenter chez la Reine d’Angleterre. Coucou, c’est nous ! Cet article n’est que très légèrement illustré : malheureusement, les photos sont interdites à l’intérieur !
Bon, c’est quoi ce palais ?
Voilà trois mois qu’inlassablement, chaque semaine, j’explique aux hôtes de mon auberge de jeunesse que non, le château d’Edimbourg et Holyrood Palace, ce n’est pas la même chose. Le palais d’Holyrood a été construit à la fin du XVe siècle pour devenir la résidence royale officielle des rois d’Ecosse. Si j’ai bien écouté l’audioguide, c’est Jacques IV qui a dirigé tout ça, et il a bâti son palais tout près d’une jolie abbaye du XIIe siècle, elle-même construite par David 1er d’Ecosse. Ca claque. Ce qui est drôle avec cette abbaye c’est que son toit s’est effondré au XVIIIe siècle mais que tout a été laissé en l’état. Une belle ruine comme on les aime en Ecosse…
La visite du palais en lui-même prend environ 1h30 et il faut débourser 11,6 livres, tout de même, pour découvrir le lieu. Les chanceux qui passeront par là à la belle saison pourront également visiter le jardin, qui était fermé lors de ma visite. On peut aussi visiter la Queens Gallery pour quelques pounds de plus. Lors de mon passage, on y exposait des peintres écossais mais je n’ai malheureusement pas eu le temps d’y jeter un oeil.
Sombre Holyrood
Le premier étage est constitué de larges pièces boisées, décorées de tapisseries françaises du Moyen-Âge. On sent bien que toutes ces tapisseries et meubles sont des trésors mais j’ai du mal à les trouver charmants. Il fait sombre aujourd’hui, les fenêtres sont petites et tout est sombre, à l’intérieur. Comme le palais est occupé par les membres de la famille royale de temps en temps, les visiteurs ne sont admis que sur le bord des pièces, derrière une barrière rouge. Une grande galerie de portraits est particulièrement amusante : j’aime bien les têtes moyenâgeuses avec leurs grands nez et leurs cernes marron. Mais pour l’instant, l’endroit manque définitivement de vie. Certes, on a l’audioguide, mais hors de cela, rien n’est vraiment expliqué, les photos sont interdites, il fait froid.
La passionnante histoire de Marie Stuart
La partie du palais qui m’a vraiment intéressée est celle consacrée à Marie Stuart, Queen of Scots. La vie de cette pauvre Marie Stuart me fait toujours mal au coeur. Le cas classique de la fille qui est reine depuis sa naissance mais qui en chie toute sa vie. Orpheline de père à sa naissance, elle part en France avec sa maman, Marie de Guise, et là c’est l’éclate, elle en profite à fond et se marie avec le futur roi de France à 14 ans. Et là, patatras, le nouvel époux (François II) meurt, Elizabeth 1ère (la cousine de Marie) prend le pouvoir en Angleterre, alors que Marie Stuart pourrait elle aussi prétendre au trône. Elle est quand même reine d’Ecosse et de France, tu vois, c’est pas rien. Le bras de fer commence entre les deux cousines, qui s’opposent sur tout, même la religion.
Ca commence à barder pour Marie Stuart, veuve, qui se fait en gros renvoyer en Ecosse alors qu’elle ne connaît rien au pouvoir et qu’elle fait face à une Angleterre à présent protestante, dirigée par sa cousine qui n’est pas tendre.
Elle se remarie alors, avec Lord Darnley qui a l’air d’être complètement fou à lier. C’est là que l’histoire devient palpable au palais de Holyrood : dans la chambre de Marie Stuart, on peut voir ce petit cabinet où elle aime dîner, et où son secrétaire David Rizzio a été assassiné, ici même, par l’époux Darnley. Ca fait toujours un truc quand on t’explique : « oui donc voilà, il a été traîné du petit cabinet jusqu’à la chambre principale, et lardé de 50 coups de couteau. Ensuite, le cadavre a traîné là quelques jours ». Grosse ambiance, le XVIIe siècle… A partir de là, c’est un peu le début de la fin pour Marie Stuart : son époux trouve la mort mystérieusement dans l’explosion d’une maison, elle se re-remarie avec un mec encore plus louche, et finalement elle abdique du trône d’Ecosse en faveur de son gamin de fils (qui lui est d’ailleurs enlevé) et elle fuit en Angleterre, naïve, pour demander l’aide de sa cousine Elizabeth qui se fait un plaisir de l’enfermer pendant 14 ans avant de la condamner à mort. On ne choisit pas sa famille…
Cette histoire tarabiscotée est bien mise en avant à Holyrood : l’une des dernières pièces visitées regorge de mille petits objets de la vie de Marie Stuart. Des rubans, des peignes, des petits médaillons. Une boite à bijoux. Là, tout de suite, il y a plus d’aspérité, plus d’ambiance, que dans les premières pièces très froides, où Elizabeth II s’arrête parfois pour trinquer avec des lords écossais.
Bilan : une halte intéressante si on prend le temps d’écouter
Je quitte le palais pas mécontente, et avec l’envie d’y repasser si l’occasion se présente. D’abord pour voir les jardins et me promener à l’extérieur du palais. Ensuite pour profiter un peu mieux de l’intérieur, lors d’un jour ensoleillé. Si la muséographie des pièces réservées à Marie Stuart est bien réussie (à mon goût, puisque je suis intéressée par l’histoire de cette femme), plusieurs pièces sont tout de même assez ennuyeuses et plates. Sans doute parce que ces espaces sont encore utilisés pour des réceptions et des cérémonies officielles.
Un petit café est installé dans la cour du château et l’espace est vraiment agréable. Sans avoir à payer l’entrée du château (que je trouve tout de même chère pour un élément de patrimoine), on peut y faire un tour et découvrir également le grand parc qui s’étale à l’arrière. Enfin, on peut avoir une superbe vue sur Holyrood Palace depuis Calton Hill et lorsqu’on grimpe Arthur’s Seat. Et ça, c’est gratuit.