Ta première balade à pied. Au programme : Princes Street, ses jardins, the Mound, le château, le Royal Mile et Grassmarket. Rien que ça.

Partie 1 : De Princes Street à Grassmarket
Partie 2 : West Princes Street Gardens et les alentours du Royal Mile
Partie 3 : Greyfriars Kirk, North Bridge, la West End et Dean Village.
Partie 4 : Canongate, les Meadows et le Musée National d’Ecosse
Partie 5 : New Town et Calton Hill

 

Alors voilà. Tu viens d’arriver à Edimbourg. Edinburgh. Edinbrah comme on dit ici. Tu sors peut être de l’avion, de la gare – feroviaire ou routière – du parking, ou peut être as-tu marché, qui sait. Bref. Tu es là.
Tu sais déjà des tas de choses parce que tu es bien renseigné. Tu n’as pas oublié ton passeport ou simplement ta carte d’identité si tu viens d’Europe. Tu sais que si tu dois prendre le bus c’est important d’avoir l’appoint sur toi (£1,5), à part si tu prends la navette. L’Airlink. Dans ces bus là le chauffeur a accès à la caisse donc il peut te rembourser. Et il y a un guichet à l’aéroport si tu n’as pas de liquide et que tu veux payer par carte. Si tu as pris la navette, tu sais que « the web is on us », y a du wifi gratuit et tu peux même te brancher à une prise de courant si tu as un adaptateur.
Tu as peut-être une valise à roulette, un gros sac à dos, un petit sac à dos, un sachet plastique, un attaché case ou un sac banane. Tu as su te débrouiller comme un grand avec, soit le laisser à ton hôtel, ton hôte, un inconnu à l’aéroport, ou peut-être tu le portes sur toi (ça sert quand même à ça un sac banane).

Princes Street

Et donc tu es là, aux alentours de Princes Street, soit près de Waverley Station, Haymarket ou la gare routière. Tu es là, au bord des jardins les yeux fixés sur le château qui surplombe la ville. Tu ne sais par où commencer. Tout t’appelle. Les magasins, évidemment, y a un H&M là juste en face du Scott Monument, cette tour gothique de *insérer un chiffre impressionnant* mètres de haut, et bon tu as hâte de voir si les collections sont les mêmes que dans ton pays. Le macdo n’est pas loin non plus et tu as toujours rêvé de commander un QuarterPounder with Cheese pour faire un Vincent Vega inversé. Le château t’appelle mais tu ne sais pas comment le rejoindre sans grimper les falaises. Un autre volcan apparaît aussi pas loin, Arthur’s Seat, et la mer est au bout de la rue, en bas, quand tu regardes vers St Andrew Square.

Tu paniques. Trop de choix.


Tu sortirais bien ton Routard mais tu es aventureux, tu aimes te fondre dans la masse et tu ne voudrais pas ressembler à ces touristes que aperçois ici et là, une main tenant un guide et l’autre une perche à selfie (la tienne est au fond de ton sac, tu l’as juste au cas où et d’ailleurs c’est un cadeau.) Non, non. Pas de guide, pas d’app. L’aventure. Et puis tu te souviens très bien de l’article de tonton Tao. Tu sais, celui plein de digressions, là. Fouille dans ta mémoire. Alors oui, c’est compliqué avec ce joueur de cornemuse, là, au coin de la rue qui a l’air de jouer pour la première fois de sa vie. Alors tu t’éloignes et rentres dans les jardins. Après tout il fait beau. Non ?

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Les Jardins de Princes Street

Ce qui te frappe d’abord c’est qu’ils sont à plusieurs étages. Il y a celui au niveau de la rue, séparé par la verdure et des grilles, des bancs partout, avec des gens qui parlent toutes les langues et qui souvent potassent discrètement leurs guides, ou mangent un bout.

L’étage en dessous a des bancs aussi. Y a des petits jeunes écossais qui traînent et parlent fort en buvant de l’Irn Bru. Plus bas une grande étendue d’herbe où tout le monde se pose lorsqu’il fait beau. Tu y vois peut-être un écureuil.

T’as du mal à croire que le train passe juste derrière et au dessus des rails se dresse un grand pont, North Bridge, qui te rappelle que le parc était avant un loch. (Lac en français. Fais un effort…)

Cette pensée te fait voyager dans le temps pendant quelques instants. Si t’as l’âme un peu poétique. Tu imagines l’espace de quelques secondes la ville il y a deux cent ans, voire même avant.  Lorsque le château était la ville et que le loch était une de ses défenses naturelles. Tu vois presque les armées s’affronter et tu entends le thème de Braveheart dans ta tête. Ou ce que tu crois être le thème de Braveheart. Alors que pas du tout en fait, c’était Titanic mais ça sonne pareil. Tu vois tomber du haut de la falaise les sorcières que l’on exécutait et jetait dans le précipice. Peut être  qu’elles hantent toujours le jardin. Tu frissonnes. Pas parce que tu as peur mais parce qu’un nuage vient de cacher le soleil, que tu perds donc 10 degrés en ressenti et que le vent s’en mêle. On t’avait pourtant prévenu : ne te couvre pas trop mais pas trop peu non plus. Prévois des couches.

Tu t’actives un peu. Il est bien beau ce jardin mais t’as une journée ici, deux maxi, et tu ne veux pas la perdre. Voir le plus possible de choses pour bien alimenter ton Instagram et bien dégoûter tes amis. Pour cela conseil d’ami : ne cadre que des bouts de ciel bleu pour bien faire croire qu’il fait bien plus beau que ce à quoi ils s’attendent. Oh et si il pleut vraiment longtemps, rabats-toi sur le foodporn, ou joue avec les lumières qui se reflètent dans les gouttes d’eau. Hashtag SingingInTheRain.

Que faire alors ? Tu veux la classique must-do avec un zest de petits conseils de personnes qui habitent là hein. Je te vois venir. Et tout à pied évidemment.
Allez on y va traversons le jardin jusqu’à the Mound. La motte. Une colline artificielle qui a permis de donner un point d’accès en plus entre la vieille et la nouvelle ville. Tu ne peux pas la louper, c’est là où il y a le National Museum of Scotland. L’entrée est gratuite donc vas-y si tu veux. Même cinq minutes. De là prends les Playfair Steps. Un grand escalier qui te mène à deux pas du château. De là, une vue qui surplombe les jardins, le Scott Monument, la New Town, la mer, Fife. Point Instagram.

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Tu attends au feu. C’est long. C’est pas le plus long, hein, tu t’es déjà tapé l’interminable attente devant Waverley Station où chacun se retenait de se lancer mais personne n’osait bouger et lorsque quelqu’un le faisait, il manquait de se faire renverser par un taxi qui déboulait d’on ne sait où. Là c’est pareil, c’est un peu tordu donc si tu ne comprends pas la logique des feux, c’est normal, tu viens d’arriver, tu n’es pas d’ici. Prends sur toi. Attends que ce soit vert ou suis quelqu’un qui a l’air de savoir ce qu’il fait et prie pour qu’un bus ne vous écrase pas.

Bref, de là, tu vas sur la droite et tu grimpes encore. Tu vas passer devant le mignon Ramsay Square, petit trésor caché au bord du château. Tu vas haïr deux secondes ses habitants mais vite te dire que l’hiver l’accès doit bien être chiant avec les pavés et le dénivelé. Cette idée te fait du bien. Si tu es un peu sadique tu les imagines même en train de glisser avec leur bûche de Noël. Ayé ça va mieux ?
Bref.

Edinburgh Castle

Château. Si ce n’est pas août ou un des mois adjacents, il n’y a pas les gradins éphémères du Tattoo Festival. Tu as donc une grande esplanade devant toi, le château, les vues tout autour.

S’il est 1pm, tu viens d’entendre le coup de canon du château. Et il a peut-être tout juste manqué de toucher un oiseau. Et là tu te tâtes. Je visite ? Je visite pas ?

Le prix t’aidera à prendre ta décision. C’est un peu cher. Près de quinze livres. Est-ce que ça vaut le coup ? J’ai envie de te dire oui s’il fait beau. Les petites cours intérieures, les vues sur la ville sont vraiment bien. Les musées, par contre, ne m’ont pas marqué, honnêtement, à part les reconstitutions de cachots.
De là un choix extrêmement important se pose à toi. Si on était dans un livre dont tu es le héros, ce serait le moment où tu vas devoir soit aller à la page 57, soit à la 213.

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Royal Mile

Tu as en face de toi le Royal Mile. Cette longue rue pavée qui descend du château au Holyrood Palace. Elle mesure exactement un mile écossais. Et elle a été formée naturellement par la fonte d’un glacier sur le volcan en haut duquel tu te situes là. C’est LA rue touristique de la vieille ville. (J’ai déjà perdu trois voyageurs snobs) Tu y trouveras des tas de boutiques de cachemire, whisky et autres joyeusetés. Pour les filles, allez voir chez Ness. Toujours très mignon. Il y en a une de chaque côté de la Royale Mile. C’était mon point blogueuse beauté. Les mecs, allez prendre une pinte quelque part. Faites un pub crawl. Ou allez prendre un fish and chips à Clamshell. C’était mon point sexiste.

Cette rue est remplie, remplie, remplie à craquer de gens pendant le Fringe. Des artistes partout en train de chanter, performer, danser, cirquer. Une effervescence incroyable qu’on est content de ne retrouver qu’un seul mois dans l’année.

Plusieurs points d’intérêt, retrouvez le Heart of Midlothian dans lequel les prisonniers libérés crachaient pour se donner chance. La statue de David Hume dont l’orteil est caressé par les étudiants en philo avant les exams. Et tous ceux qui voient que tout le monde touche son orteil. Il y a souvent une cornemuse pas loin. Il y a toujours quelques musiciens, la femme la plus tatouée du monde et des caricaturistes. Il y a un salon de thé plus bas à Catandemruellenongate, Clarinda’s Tearoom, un pub situé dans une ancienne prison et surtout, toute la rue est traversée de toute part, comme les arêtes autour de la colonne vertébrale d’un poisson, par des Closes. Des petites ruelles qui mènent aux autres rues alentour. Souvent en escaliers. Elles sont utilisées par les habitués pour éviter le monde de la rue, allez vous perdre dedans.

Mais peut être ne voulez vous pas aller sur le Royal Mile. Vous voulez vous le garder pour plus tard ou vous n’êtes pas shopping avec vue sur la mer dans une rue pavée, et un combo château + coucher de soleil dans le dos. Non, je comprends. Cherchons plutôt un coin où prendre un verre. Du bord de l’esplanade du château, juste en face de La Camera Obscura où vous vous êtes arrêtés au moins deux secondes pour jouer avec votre reflet sur les miroirs déformants, il y a un escalier qui descend vers l’inconnu. Castle Wynd. Prenez-le.

Vous rejoignez une rue qui longe le château sous son versant sud. Traversez-la et descendez l’autre escalier qui va plus bas encore. Oui, vous suivez bien, on vient de grimper une colline pour la redescendre. Je réfléchis poésie et spontanéité et c’est bon pour votre cœur. Faut bien compenser avec votre dîner de ce soir.

Ah tiens je suis passé du « tu » au « vous » moi. Dans le normal.

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Grassmarket

Vous continuez les marches et là, vous arrivez à Grassmarket. Petite place avec vue sur le château, où avait lieu le marché donc, hein. Il y en a toujours un petit, d’ailleurs, le samedi. Ici, plein de petits restos et pubs et bars. Un charity shop vintage qui vaut le détour, aussi. Posez-vous. Profitez de la vue du château depuis la place. Prenez le temps. Respirez.
Encore une fois, deux choix s’offrent à vous. Si vous vous sentez petite rue en strapontin sur deux étages avec boutiques déco de hipster, de fromage, de vêtements en tweed, de resto français, de bar à jus et autre joyeusetés originales allez vers Victoria Street. Vraiment une chouette rue. Sinon si vous êtes plutôt en recherche de sérénité et de calme, prenons la Candlemaker Row pour aller vers le Greyfriars Kirk. Le cimetière où J.K. Rowling a trouvé le nom de plusieurs de ses personnages pour sa série de livres pour enfants que vous connaissez peut-être. Celle avec des enfants magiciens.

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Mais tout cela, on le verra dans la partie 2. Où on vous retrouvera soit en bas du Royal Mile à Holyrood Palace, soit en haut de Victoria Street, soit dans le Greyfriars Kirk. Ou peut être ne m’avez-vous pas du tout écouté, et suivant votre coeur bucolique, vous êtes vous dirigé plus tôt vers la partie ouest des jardins de Princes Street ? Je vous retrouverai. On n’est pas très loin et on est à pied.