L’Ecosse est-elle un pays écolo, tant pour y voyager qu’y vivre ? C’est une question que l’on me pose souvent et qui me semble avoir plusieurs dimensions : du point de vue économique, l’Ecosse est le pays qui produit le plus d’électricité verte (merci les éoliennes) mais est aussi un grand producteur d’hydrocarbures. Du point de vue de la vie quotidienne, telle que je la vis depuis 5 ans, je dois dire que je trouve les principes du recyclage et l’anti-gaspillage… encore loin de leur paroxysme. Enfin, pour voyager, il existe plein de moyens de découvrir l’Ecosse tout en protégeant son environnement.
Voilà un moment que je voulais reprendre les bonnes habitudes du rendez-vous « Histoires Expatriées », lancé par ma comparse Lucie, installée en Italie, auteure du blog Occhio Di Lucie. Le thème du mois de mai était tout simplement « Vert », et voici ma contribution !
Des initiatives écolo dont l’Ecosse peut être fière
Une production d’énergie de plus en plus écolo en Ecosse
Du tac au tac, si on me demande « l’Ecosse est-elle écolo », j’ai envie de répondre oui en pensant à la production d’énergie verte : l’an dernier, en 2019, près de 90% de l’électricité consommée en Ecosse venait d’une source renouvelable ! Le but est d’atteindre 100% cette année… On verra ! Très régulièrement, l’Ecosse produit trop d’électricité, notamment lors des jours de grand vent. Et l’Ecosse à elle toute seule produit 25% de l’électricité verte du Royaume-Uni. Mais l’électricité, ce n’est qu’une partie de tout ce que l’on regroupe sous le terme « énergie », qui inclut aussi le transport, le chauffage et l’industrie. Et là, c’est moins reluisant : on était à moins de 20% d’énergie verte en 2018, avec, comme défi, d’atteindre 30% en 2020, 50% en 2030. L’Ecosse n’a plus de mines à charbon depuis 2016, mais beaucoup d’extraction d’hydrocarbures dans les eaux nationales et encore une seule, il me semble, centrale nucléaire qui tourne, pas loin d’Edimbourg. On utilise bien sûr aussi le gaz, notamment pour le chauffage des maisons (seuls 5% des logements se chauffent à l’électricité).
Findhorn, un écovillage au nord de l’Ecosse
Dans les années 80, le petit village de Findhorn s’est construit, sur la côte, dans la région du Moray. On en parle souvent pour son côté spirituel, mais le projet est avant tout celui d’une communauté complètement autosuffisante, ne laissant pas de trace sur l’environnement. Et ça marche ? Oui : certaines études montrent que l’empreinte carbone des habitants de Findhorn est de moitié plus basse que la moyenne britannique. Comment on fait ? On construit en suivant les préceptes de l’habitat écologique, on met en place un filtrage naturel des eaux usées, on développe une permaculture biologique. Le village a ses propres éoliennes et est donc autosuffisant en électricité.
L’île d’Eigg, complètement autosuffisante
Voilà une autre réussite écossaise : l’île d’Eigg. Elle se trouve au large de Mallaig, pas bien loin de l’île de Skye. En 1999, les quelques dizaines d’habitants, en créant un « trust », un fond commun, parviennent à racheter leur île. Ils décident alors de rendre leur île le plus autonome possible : ils acquièrent leur propre système électrique, fonctionnant presque à 100% en renouvelable. Les visiteurs ne peuvent, par ailleurs, que venir à pied : les seuls véhicules autorisés sur l’île sont ceux des résidents. Est-ce que ça ne donne pas vraiment envie d’aller s’y poser ? Je n’ai encore jamais pu visiter Eigg mais j’aimerais beaucoup y passer du temps…
Et on retrouve cette même volonté du côté des Orcades, où l’on produit suffisamment d’électricité verte pour tout le monde ! Voyez plutôt cet article de Géo.
Les Ecossais sont-ils écolo, ont-ils le réflexe du recyclage ?
Bon, là, on va passer du côté des impressions personnelles, ce qui est toujours un peu plus dangereux. La question du rapport des habitants de l’Ecosse face à leur propre environnement m’interpelle souvent. Mais peut-être dois-je dire que j’ai grandi dans une famille très sensible à ces questions, que j’ai ensuite grandi à Grenoble, la première grande ville de France à élire un maire vert, et que j’ai passé un bon moment de ma courte vie de journaliste à traiter de questions en lien avec l’environnement, en particulier pour le magazine La Maison Ecologique.
Ma première impression est qu’en Ecosse, les gens ne sont pas encouragés à recycler. Vous pouvez le faire si ça vous fait plaisir, mais il n’y a aucune obligation. Voilà un truc con qui m’a frappée : les poubelles « noires » pour les déchets non recyclables, s’ouvrent en grand. Pour la poubelle « verte » (cartons, plastiques recyclables…) eh bien elle est verrouillée et il faut tout faire passer par une ouverture type « boîte aux lettres ». Résultat : dans les poubelles noires, on retrouve plein de carton parfaitement recyclable. On peut comprendre pourquoi les gens ne veulent pas manipuler un à un leurs déchets à mettre dans la poubelle verte. Et les déchets verts, n’en parlons pas : je fais l’effort de les trier mais chaque descente à la poubelle spéciale ressemble à une opération commando : a-t-elle été déplacée ? Est-elle utilisable ?
Le recyclage en Ecosse, un problème de classe ?
En fait, le recyclage à Edimbourg, c’est facile quand tu es riche : tu organises tes collectes, tu as tes propres bacs. Mais je trouve la sensibilisation bien légère pour les autres, et c’est dommage. Pas assez de poubelles, délais de ramassage, manque de communication.
Bien sûr, j’ai seulement vécu à Edimbourg, c’est donc uniquement un point de vue personnel que je partage. Mais j’ai pas mal roulé ma bosse en Ecosse, et je n’ai pas senti de vif entrain pour le recyclage, à titre individuel. Par ailleurs, dans deux des colocations où je me suis installée, il n’y avait qu’une seule grande poubelle, qu’il fallait vider constamment. Pourtant, mes colocataires étaient toujours des gens de mon âge, éduqués, intelligents. J’ai peu à peu intégré une boîte pour le verre, une autre pour le carton, mais c’était pas gagné.
Omniprésence du plastique
Mon autre sujet de grinçage de dents est souvent le règne du plastique dans les supermarchés, notamment pour les fruits et légumes. Depuis le début, ça me dépasse. Je sais que c’est le cas également dans les supermarchés français, mais dans une moindre ampleur, à mon goût, et puis il y a toujours l’alternative des marchés, qui n’existe pas vraiment ici. Restent les abonnements à des livraisons de caisses à légumes par quelques fermes environnantes, mais ils ne font pas légion.
Heureusement, il y a des choses positives à dire aussi : de plus en plus de magasins à Edimbourg proposent des achats « sans plastique » ou « sans emballage ». A Leith, j’allais chez Lucy, qui tient la géniale boutique Weight to Go, et maintenant, je vais à la Refillery. Et n’oublions pas tous les charity shops qui, tous les jours, permettent d’éviter l’achat d’objets neufs en proposant des objets d’occasion à des prix très bas. Ca fait plaisir à ceux qui ont un petit budget, et ça finance la vie associative. Un système gagnant-gagnant-gagnant 🙂
Il y a aussi le site Zéro Waste Scotland, très instructif. Ils ont aussi un petit outil pour savoir où jeter quoi.
Comment voyager de manière écolo en Ecosse ?
Depuis la fin des années 90, l’Ecosse essaye de se positionner comme une destination verte. Elle est aidée par une image d’Epinal, développée dès le 19ème siècle : l’Ecosse serait une région intacte, presque sauvage. Un endroit à protéger, mais aussi à découvrir, voire à exploiter. Depuis 1997, le label « Tourisme Vert » a été mis en place en Ecosse, pour distinguer les hôtels et autres activités qui appliquent certains principes écologiques. Je n’entrerai pas ici dans les détails de ce label, mais il est bon de noter que certaines entreprises peuvent aussi se faire accompagner pour mieux contrôler leurs usages. En tout cas, plus de 20 ans après, cette politique porte ses fruits, car l’Ecosse est véritablement vue comme un pays écolo où voyager.
Arriver en Ecosse
La plupart des voyageurs prennent l’avion pour venir en Ecosse. Mais il existe d’autres moyens de rallier l’Ecosse par la terre, quand on a le temps :
- Le train, en prenant l’Eurostar. Londres Glasgow ou Edimbourg, c’est moins de 5h de train.
- Le ferry vers Douvres, en Angleterre, en partant Dunkerque ou Calais, vers tout le sud-ouest de l’Angleterre en partant de St-Malo, Roscoff, Cherbourg, Caen, Dieppe… Ou, en partant de Zeebruge, le ferry allant à Hull, vous permettant d’être plus si loin de l’Ecosse !
- Les bus types Megabus, Flixbus…
Les transports en commun en Ecosse
Les transports en commun sont légion en Ecosse ! Vous pouvez circuler partout, ou presque, en train ou en bus. Pour vous organiser, je vous recommande vivement d’utiliser le site TravelineScotland, ou l’éternel Rome2Rio, qui mixent tous les transports en commun.
Vous pouvez notamment vous appuyer sur les nombreux « pass transports » que je détaille dans mon article sur le voyage en train en Ecosse, ou sur celui-ci, dédié aux pass en tous genre. Si vous souhaitez circuler à vélo, je vous renvoie sur le témoignage de Déborah et Jérôme, publié il y a peu !
Le covoiturage ne fait pas légion pour le moment en Ecosse, mais le site Blablacar, que vous connaissez déjà, fonctionne dans le pays. Sinon, la page « Ecosse » de HitchWiki vous donne des infos quant à l’auto-stop en Ecosse, et sur les différents points à viser pour sortir des villes.
Un hébergement écolo en Ecosse ?
VisitScotland m’a prémâché le travail avec cette page, en français, réunissant plein de suggestions de lieux d’hébergement labellisés « Green Tourism ». Du camping au château de luxe, on trouve de tout. Si vous avez un budget confortable, j’avais personnellement adoré Eagle Brae, près de Glen Affric. Honnêtement, il y a l’embarras du choix !
Mon conseil, bien sûr, est de favoriser les petites entreprises, les petits lieux, plutôt que les chaînes. Car être écolo, c’est avant tout agir à l’échelon local… Et n’hésitez pas à signaler à un hôtel ou un BnB des détails que vous avez remarqués : s’ils utilisent des produits d’hygiène à usage unique, si vos serviettes ont été remplacées sans que ça ait été demandé…
Mon dernier conseil est tellement évident qu’il va servir de conclusion : prenez le temps, avancez lentement. Vous consommerez moins, dépenserez moins, et vivrez un voyage d’autant plus marquant.
L’Ecosse me fait vraiment rêver, et la rallier en train, encore plus. J’espère vivement le faire un jour et ton article me confirme que c’est possible ! Merci Sarah pour cette participation inspirante et intéressante 🙂
Merci Lucie ! Et quand tu feras ce beau voyage en train, tu sauras que tu peux t’arrêter chez moi 🙂
Merci Sarah pour cet article très écolo et pour les podcasts « Ecosse toujours » (j’en suis accro).
Faire l’impasse sur l’Ecosse cette année va être difficile pour moi, heureusement le blog et le podcast sont la pour garder le lien.
Merci et bonne continuation.
Bonjour Christophe et merci pour ce gentil message ! Je comprends votre peine. Petite idée : rejoignez-nous pour le pub quiz sur l’Ecosse ce soir à 18h30 ! Toutes les infos sont la :https://www.frenchkilt.com/pub-quiz-virtuel-sur-lecosse/
Argh, l’Ecosse j’en rêve ! Pas ma tribu hélas. Mais je n’ai as dit mon dernier mot ! Quant à l’écologie, je ne me suis jamais considérée comme une écolo. Mais en fait depuis que je vis au Maroc, je dois en être une au fond. Car pour moi, on ne laisse jamais de déchets sur une plage on trie ses déchets on limite l’usage du plastique..et ici il n’y a rien en ce sens. Ah si on a vu les premières poubelles dans les rues de Casa quelques semaines avant le confinement…
Hello Agathe ! Merci pour ton commentaire, j’espère que tu pourras bientôt convaincre ta tribu 🙂
C’est intéressant, le cas du Maroc. J’y vais à peu près tous les deux ans depuis ma naissance… Je dois dire que la disparition des champs de « mika » noirs fait du bien, et l’arrivée des sacs en sorte de « tulle » recyclable fait du bien, non ? Le plus dur, comme toujours, est de faire évoluer les mentalités…
Dans mon article qui sort demain, je parle aussi de ma vision du recyclage et du plastique à outrance à Madrid, où je vis. Je vois que l’Espagne n’est pas le seul pays concerné par ces problématiques qui me dépassent également !
Par contre, je n’ai jamais eu l’occasion de visiter l’Ecosse et j’ai très envie depuis quelques temps de partir d’abord à la découverte d’Edimbourg, à chaque fois que je vois des photos de la ville, je suis émerveillée par sa beauté 🙂
Hello Morgane ! Merci pour ton commentaire, j’irai voir ton analyse du recyclage à Madrid avec joie ! Et j’espère que tu pourras bientôt venir en Ecosse 🙂
Ah, l’Écosse ! Ce pays a été un vrai coup de coeur. Vraiment. Hâte d’y revenir. Par contre, le côté peu écologique ne m’avait pas choqué. Ce sera que je vis en Andalousie où ici, c’est encore à la traîne (même s’il y a une amélioration !).
Merci Coralie ! Eh oui, on se rend plus compte des choses quand on vit dans un endroit précis 🙂
C’est dingue comment la situation est différente entre l’Angleterre et l’Ecosse ! Je pense que l’écologie reste un gros problème au Royaume-Uni en général malheureusement.. xx
Différente.. en mieux ou en pire ? haha 🙂
Toujours un « doux breuvage « comme se déguste un whisky des Highlands tous vos articles …A quand un article sur la mythique nc 500?