Au lieu de craindre l’hiver écossais, pourquoi ne pas l’embrasser ? Malgré sa lumière pâle, ses journées courtes et ses coups de vent imprévisibles, l’Ecosse, en hiver, sait être chaleureuse et accueillante. La visiter à cette saison, c’est l’occasion de prendre le temps, profiter des intérieurs confortables et de la vie qui s’y trame, contempler la nature environnante. Les Ecossais ont même trouvé un nom pour cette idée, Còsagach. Dans la même veine que le hygge danois, le còsagach écossais définit un art de vivre basé sur la simplicité et le confort. Le temps d’un week-end, je m’y suis complètement immergée !
Le còsagach écossais, c’est quoi ?
Le hygge, donc. Vous vous souvenez tous, il y a quelques années, de cette mode scandinave à base de plaids, bougies, huiles essentielles et bonnets trop grands. Il a plein de point communs avec l’idée du còsagach écossais : douceur, confort, petits plaisirs, vivre-ensemble. Les deux sont difficiles à prononcer. De même, les deux concepts sont bien sûr des outils marketings, autant qu’on évacue tout de suite ce problème : non, « còsagach » n’est pas un mot utilisé quotidiennement par les Ecossais. C’est un mot en gaélique qui décrit un lieu confiné et chaud où l’on peut se lover. VisitScotland a décidé de mettre en avant ce mot pour mieux comprendre un art de vivre qui, lui, est bien réel. Vous avez peut-être entendu le mot de « Coorie » également, qui définit le même état d’esprit. « To coorie in », c’est se blottir les uns contres les autres, sur un canapé ou dehors, à regarder les étoiles.
Lors d’un voyage de presse organisé par VisitScotland, j’ai passé quelques jours à découvrir l’idée du còsagach, ou plutôt à prendre conscience de quelque chose que je connaissais déjà et que j’avais déjà ressenti dans le pays. Mais ce fut un très bon exercice que d’essayer de définir ce concept, à plusieurs, et nous avons réalisé que nous y mettions pas mal de choses différentes. J’ai donc essayé de choisir quelques axes qui font sens pour moi, en les illustrant, bien sûr !
Intérieur / extérieur, un pilier du còsagach écossais
En Ecosse ou ailleurs, on a tous déjà ressenti ça. C’est le cœur de l’hiver, il fait froid, la journée fut longue. Un train, un bus, un dernier moment de marche pour atteindre la maison. Il bruine, le trottoir scintille sous le halo jaune des lampadaires. Chaussettes humides. Nez qui coule. La cadence des pas augmente, pour arriver plus vite, un peu moins tard. Et puis une fenêtre illuminée attire le regard. A l’intérieur, il a l’air de faire chaud – il y a même un peu de buée sur la vitre -. Impossible de le savoir, mais on imagine l’odeur d’une tarte aux légumes, d’une soupe, d’une tranche de pain qui grille. Il y a un CD qui tourne peut-être, ou alors une radio qui monologue dans le fond. La vision ne dure qu’une seconde, et on n’a pas le temps d’entrevoir une silhouette. Tout a déjà disparu. Y avait-il des enfants occupés à faire un puzzle sur le sol ? Un ado écrasé sur le canapé avec un chat ronronnant ? Peut-être. L’attention du marcheur est déjà focalisée sur la prochaine fenêtre, quelques mètres plus loin.
Voilà pour moi l’un des premiers aspects du còsagach écossais : être conscient de sa chance d’être au chaud, à l’intérieur, quand le temps est mauvais dehors. Mais aussi, apprécier d’être à l’extérieur, quand on sait que l’on pourra, plus tard, retourner près de la cheminée.
Lors de notre week-end dans les Highlands, nous avons passé beaucoup de temps dehors, à se promener au bord de la côte ou dans la neige. Nous avons profité de chaque seconde, car nous savions que la journée se terminerait au coin d’un poêle ronflant.
De même, et c’est peut-être une différence avec le hygge danois que je ne connais pas beaucoup, le lien avec la nature est central dans l’idée du còsagach. En Ecosse, c’est la nature qui décide. Qu’il vente, qu’il fasse soleil, nous, on s’adapte. Nous nous devons de rester humbles face aux caprices ou aux cadeaux de la nature, et de trouver, face à cette toute puissance de l’environnement où nous nous trouvons, une certaine forme de sérénité. La nature, dans les Highlands, est partout, et très facile d’accès. Se sentir dans une bulle confortable, c’est aussi possible en pleine forêt, par -2 degrés…
En réfléchissant à tout ça, j’ai immédiatement pensé à la tradition des bothies, en Ecosse. Un bothy, c’est un refuge, au sens le plus simpliste du terme. Sur le site de la Mountain Bothies Association, on nous explique que dormir dans un bothy, c’est comme camper sans tente : on trouve un toit, mais il faut « amener son confort avec soi ». Après une journée de randonnée, les marcheurs trouvent ces maisonnettes, toujours ouvertes, toutes simples, pour passer la nuit. Il n’y pas nécessairement d’eau courante, de toilettes, de cheminée. Mais c’est dans ce dénuement le plus total que les randonneurs trouvent leur esprit còsagach : ils font du thé sur leur réchaud, installent leur couchage, profitent de la solitude, de cette connexion intime avec la nature. La règle du bothy est simple, on ne laisse rien derrière soi et on partage. On est reconnaissant pour cet abri simple mais salvateur.
Còsagach, simplicité et déconnexion
L’idée des bothies me fait alors penser à un autre aspect du còsagach : la déconnexion. A l’heure où nous sommes tous constamment arc-boutés sur nos appareils, n’est-il pas délicieux de se trouver une excuse pour ne pas répondre dans la minute ? Selon le degré d’isolement du lieu où l’on se trouve, il se peut que l’on soit déconnecté de force : pas de réseau, c’est ballot ! Mais il est également recommandé d’être acteur de sa propre déconnexion : passer en mode avion, oublier les deadlines, les emails et autres anglicismes.
Je ne suis pas la meilleure pour ça, et je ne l’ai pas vraiment mis en place lors de ce week-end còsagach, puisque j’étais tout de même en train de travailler, et si vous suivez French Kilt sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être vu passer quelques photos de paysages enneigés… Cependant, j’ai réussi à avoir de longs moments de la journée sans m’intéresser à mon téléphone, pour la simple et bonne raison que les températures ont violemment attaqué sa batterie et que je le laissais donc en « mode avion ». Très sage décision ! Je me souviens également de mes voyages dans les Hébrides extérieures, ou à Orkney également, où certains petits hostels se trouvaient loin de tout. Mon pote Ben et moi passions nos soirées à écrire et à dessiner, et c’était absolument parfait. J’ai eu alors la sensation d’avoir plus de prise sur mon temps, et d’être plus « là ».
Sans pousser à l’extrême de la vie en bothy et de la déconnexion totale, il est bon de se rendre compte, dans un premier temps, de l’omniprésence des nouvelles technologies dans nos vies pour s’en détacher un petit peu. Un petit peu, c’est déjà très bien. En tout cas, les Highlands d’Ecosse sont vraiment l’environnement parfait pour s’autoriser cette distance avec les claviers.
La culture pub fait-elle partie du giron du còsagach ?
N’allez pas croire que le còsagach, c’est une vie de reclus durant tout l’hiver ! Le vivre-ensemble, la vie sociale, a totalement sa place dans la définition de cet art de vivre. Durant notre voyage « còsagach », nous avons vraiment laissé le temps au temps : longs apéros, repas à rallonge…
Ralentir le rythme de la sorte laisse rapidement place aux longues discussions, aux débats. Nous étions une bonne équipe, avec des profils très variés, de belles expériences à entendre, et un certain talent pour l’humour. J’ai beaucoup apprécié cette joute verbale qui s’est installée, et qui a été le fil rouge de tout le séjour. De l’air frais, de la nature, pas d’écran et un pub confortable : voilà ce qu’il nous fallait pour laisser la place aux idées. C’est finalement ça aussi l’esprit còsagach : accorder plus de temps à ceux qui nous entourent. Prendre le temps de développer des argumentaires, mener une pensée jusqu’à son bout. C’est à ça que sert un pub, avant tout ! Bon, si vous voulez juste « chiller » devant votre télé en regardant les Goonies, pas de problème, c’est còsagach aussi, hein.
Ce petit week-end est arrivé dans une période assez stressante et m’a permis de ralentir le rythme, de reposer mes petits neurones. Le mot de la fin sera donc : prenez soin de vous !
Je tiens enfin à remercier VisitScotland qui a eu la gentillesse de m’inviter sur ce voyage de presse. D’autres articles suivront, plus focalisés sur les régions écossaises que nous avons visitées : le Moray-Speyside (whiskyyy) et Glen Affric et l’arrière-pays d’Inverness.
A Sarah, ma plume, pour ce voyage retour en pensée, sans quitter mon fauteuil (oui eh oui, connectée) du haut d amazonie me retrouver nez qui coule pieds aux chaussettes humides dans la terre froide et humide du Parc des Cairgorns heureuse des écureuils qui m accompagnent, heureuse de la horde de cerfs croisée, immortalisée, heureuse d avoir trouvé le Bob Scott Bothy avec un compagnon de rencontre mais aussi heureuse de l idée du coin chaud de la cuisine du Backpacker qui nous attends autour d un bol de soupe fumant : c etait ça donc le Cosagach que je partageais
le temps de ton article j ai fait un petit re check de quelques autres que m a offert l Ecosse et la liste est longue, tout comme est grand ton talent à faire renaitre les images au bout des mots
à bientôt et l Ecosse et peut etre toi
Magnifique article, merci. J’adore ton style d’écriture, je me suis sentie directement transportée!
Le cosagach me plaît encore plus que le hygge peut être parce qu’il vient d’ecosse. Mais en tout cas cette conscience d’être chez soi dans un plaid au chaud pendant que dehors il pleut, c’est le bonheur