Ce que j’aime quand je voyage en Écosse, c’est découvrir des hébergements qui ont une histoire marquante et qui me transportent, comme Douneside House. Lors d’un récent voyage dans l’Aberdeenshire, j’ai eu la chance de séjourner à Douneside, le manoir de Lady Rachel MacRobert, une femme d’Écosse dont l’histoire est renversante. Si vous prévoyez un voyage passant par le parc national des Cairngorms et la région d’Aberdeen, cette petite pépite est faite pour vous.

Cet article a été écrit après une invitation de VisitScotland.

C’est au crépuscule que nous approchons, à rythme lent, de Douneside House, un manoir à moins d’une heure de route d’Aberdeen. C’est la fin de l’hiver en Écosse, la lumière de fin du jour a cette texture particulière, à la fois ténue mais brillante. La brume s’empare des conifères qui nous entourent – pour l’ambiance, nous écoutons la musique du générique de la série Twin Peaks. On entre alors sur les terres de feu Alexander MacRobert, où apparaît rapidement un beau manoir crépi de blanc, aux détails architecturaux rappelant un châtelet – on est en plein dans le renouveau du style baronial écossais, qui a le vent en poupe au 19 et 20e siècle, sous l’influence de la reine Victoria, dont le château du Balmoral n’est qu’à quelques encâblures.

Bienvenue à Douneside House, chez les MacRobert

Avant d’entrer à l’intérieur de Douneside, il est bon de se plonger dans l’histoire d’Alexander MacRobert et de cette merveilleuse maison. Fils de paysans, il naquit en 1854 à Aberdeen, à une époque où, non loin de là, la reine Victoria vivait sa meilleure vie au château de Balmoral. Il quitta l’école très vite et commença sa carrière à douze ans, en balayant le sol d’un moulin à papier à Aberdeen, avant d’aller travailler en Inde, où il fit fortune et vécut un premier mariage heureux. A présent riche, il achète le domaine de Douneside en 1888 et rénovera petit à petit la maison, lui ajoutant sa tour et plusieurs chambres. Après le décès de sa première femme, il rencontre Rachel Workman, une riche Américaine de 30 ans sa cadette. Ils se marient en 1911 et ont trois enfants, trois fils : Alasdair, Roderic et Iain. 11 ans plus tard, Alexander décède dans la propriété familiale.

Lady Rachel MacRobert, géologue, féministe et entrepreneure

Et Rachel, qui était-elle ? Son enfance, déjà, est particulière : ses parents voyagent énormément, la voient peu, l’installent à Dresde en Allemagne, avant de l’envoyer en pension en Angleterre. Elle étudie la géologie et passe une année à l’université d’Edimbourg. En 1911, elle rend visite à ses parents en Inde, et à 27 ans, se retrouve sur le même bateau qu’Alexander MacRobert, en direction de la Grande-Bretagne. Elle combine alors ses études en géologie – qu’elle poursuit avec brio – ses voyages de part le monde et son rôle de mère. Elle s’engage aux côtés des suffragettes, puis prend le rôle de directrice des entreprises de son mari à son décès, tout en se battant pour permettre aux femmes d’évoluer dans la recherche en géologie. Sacré vie !

Défendre le futur de Douneside House

En 1938, Rachel perd son premier fils dans un accident d’avion. Le deuxième fils, Roderic, devient alors l’héritier, mais sera tué en 1941, pendant la Seconde guerre mondiale. Quelques semaines plus tard, Iain, le troisième fils, perd aussi la vie au combat. La vie de Rachel se déchire. Sa réaction marquera les esprits : elle fait un don conséquent à la Royal Air FForce pour acheter un avion bombardier, qu’elle nommera “MacRobert’s Reply”. Consciente que la lignée des MacRobert était à présent éteinte, elle créa une fondation, le MacRobert Trust, et toute la fortune de la famille fut investie dans ce projet. Le domaine entier appartient aujourd’hui à cette fondation, et tous les bénéfices sont reversés à des associations et projets charitables.

Dormir à Douneside House, dans le sillage de Rachel MacRobert

Aujourd’hui, Douneside House est un petit hôtel doté de 13 chambres dans la maison originelle et de neuf appartements et cottages de vacances disséminés dans le domaine. De taille variable, les chambres sont toutes très luxueuses et parsemées d’antiquités.

Ce qui m’a surtout plu, à Douneside, c’est la place laissée à Rachel MacRobert et à sa famille : on peut voir, dans les espaces communs, de nombreux portraits d’elle à différents stades de sa vie, ses photos d’alpinisme, ses collections de pierres… On se sent vraiment chez elle, et tout est fait avec beaucoup d’harmonie.

Le domaine en lui-même est très agréable. En nous promenant dans le domaine, nous sommes tombés sur la tombe, très émouvante, de Lady MacRobert. Elle est donc toujours là, à veiller sur sa maison.

Dîner à Douneside House, la cerise sur le gâteau

Que vous dormiez sur place ou non, les deux restaurants de Douneside House valent vraiment le détour. Le Conservatory Restaurant, installé dans une grande véranda octogonale où la lumière rentre par tous les côtés, est entouré de verdure. L’ambiance y est vraiment calme et feutrée. Au déjeuner ou au dîner, on propose un menu à £28 (deux plats) ou £35 (trois plats) avec un choix de petits plats aux saveurs écossaises. On affiche d’ailleurs fièrement la liste des fournisseurs du restaurant, tous à moins d’une heure à la ronde. Plus de 80 types de légumes, herbes et fruits sont cultivés dans les potagers du domaine, que l’on peut d’ailleurs visiter. On ne peut pas faire plus local ! La prochaine fois, je me laisserai tenter par l’afternoon tea, parce que why not.

Un dîner aux chandelles dans la bibliothèque

Si vous avez quelque chose de spécial à fêter, j’ai trouvé le décor parfait : une belle pièce aux murs recouverts de livres, où juste six tables sont dressées, et où une cheminée ronflante tient les convives bien au chaud.

Le dîner est orchestré par James, le sommelier de Douneside House – il parle français, car il a été formé en France – et se déroule comme un poème, révélant six plats très fins, assortis de vins choisis méticuleusement. J’ai eu la chance d’y dîner, et honnêtement, c’est mon sport préféré : goûter à des petits plats intelligents et savoureux, tout en écoutant les avis, histoires et impression de mes amis autour de moi. Je ne connais vraiment rien en vins, à mon grand dam, mais c’était, pour moi, une expérience marquante de pouvoir prendre le temps de goûter et de comparer tranquillement.

Après ses deux nuits à Douneside House, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir touché du doigt ce qui me touche dans la région de l’Aberdeenshire : l’omniprésence de l’agriculture et des produits locaux, le rôle de l’histoire – et ici, surtout des guerres mondiales -, la place des grands domaines. Je reviendrai avec plaisir à Douneside, pour en apprendre plus encore sur la personnalité lumineuse de Lady Rachel MacRobert.

 

Que faire dans les environs pour découvrir l’Aberdeenshire ?

Il y a TANT de lieux à visiter, surtout si vous aimez l’histoire. Certains méritent vraiment que je leur consacre un article en entier, mais voilà déjà quelques idées :

  • Visiter le Balmoral et manger des butteries à Highlanders Bakehouse… avant d’aller visiter la distillerie de Royal Lochnagar, juste à côté
  • Se promener à Ballater, excellente base pour visiter les Cairngorms… et explorer les Snow Roads !
  • Admirer un Picasso (et d’autres oeuvres d’art) au Fife Arms et se régaler au Flying Stag
  • Ecouter les cascades de Linn of Dee
  • Visiter les châteaux de Crathes et de Drum (alerte jardins incroyables !)
  • Prendre le petit train à Milton of Crathes et s’arrêter à la boutique de Hidden Scotland