Coincée entre Edimbourg et l’Angleterre, la région des Borders, qu’on appelle parfois « les Marches écossaises », est un joli coin de campagne que l’on peut visiter facilement depuis la capitale. Surtout depuis que la ligne de chemin de fer des Borders a repris du service, début septembre 2015. Je l’ai testée, deux semaines après son ouverture…
Qui traverse Waverley Station, la gare d’Edimbourg, ne peut pas ignorer l’ouverture récente de la « Borders Railway », la ligne de chemin de fer qui part vers le sud, jusqu’à Tweedbanks. Cette ligne n’est en fait pas si nouvelle puisque elle suit en fait le tracé de l’ancienne « Waverley Line » qui reliait Edimbourg à Carlisle, au nord de l’Angleterre. A travers toute la gare, affiches et décorations nous mènent vers le quai de la fameuse Borders Railway. Alors, on essaye ?
L’intérêt de cette nouvelle ligne est double : comme me l’a expliqué une dame que j’ai rencontré dans le hall de la gare, il va permettre à beaucoup d’Ecossais qui travaillent à Edimbourg de rejoindre la capitale plus facilement et plus rapidement. D’où l’importance des petites gares périphériques où le train s’arrête, au début du voyage. Mais une telle ligne a aussi pour vocation de montrer aux touristes qu’il n’y a pas que les Highlands en Ecosse, on peut aussi voir des paysages magnifiques et des belles ruines dans le sud du pays. D’ailleurs, quand je suis montée dans le train, j’ai fait la connaissance de deux messieurs d’Aberdeen, au nord-est de l’Ecosse, qui venaient découvrir une région qu’ils ne connaissaient que très mal.
Prochain arrêt : Tweedbanks, dans les Borders
Je vous le dis tout de suite, le voyage en train en lui-même ne m’a pas transcendée. Comme la ligne est neuve, il y a beaucoup de portions où le train circule en fait entre deux talus, coupant la vue. Mais j’ai quand même vu une biche et un cerf… Et surtout, plein de curieux. Bien que la ligne était ouverte depuis deux semaines, j’ai vu au moins une quinzaine de personnes qui attendaient le passage du train pour… Le prendre en photo. Hallucinant.
J’ai choisi d’aller à Tweedbanks parce que… c’est la fin de la ligne (et c’est cool les bouts de ligne, non ? ) et parce que, en bonne voyageuse des transports en commun, il me fallait un plan d’attaque sans voiture. Ma journée s’est divisée en trois grandes étapes : d’abord, la visite d’Abbotsford, la magnifique demeure de l’écrivain Sir Walter Scott, ensuite, une jolie balade le long de la rivière Tweed, et enfin, la visite de la magnifique ruine de l’abbaye de Melrose.
Coup de foudre à Abbotsford
En descendant à la gare de Tweetbanks, on est un peu au milieu de nulle part. Heureusement, les panneaux pour piétons sont très bien placés, c’est presque impossible de se perdre. Je suis donc les indications pour aller à Abbotsford, ce qui me prendra, en gros, un quart d’heure. On traverse un quartier résidentiel, on longe un petit étang et on traverse un rond-point… Difficile de croire que la majestueuse maison de Scott va surgir derrière un talus. Mais en fait, si.
Construite par Walter Scott à partir de 1824, cette maison est vraiment son projet de vie. Il y investit tout ce qu’il gagne et sa propriété grandit au même rythme que ses succès littéraires. Cette maison a été l’une des premières « attractions touristiques » d’Ecosse car les descendants de Scott ont décidé de l’ouvrir au public dans les années soixante, me semble-t-il. J’ai vraiment aimé cette visite car cette maison semble encore un peu vivante. Il y a les livres de Scott (des milliers d’ouvrages), la table qui est mise, les portraits de famille… Au début de la visite, on me propose deux audio-guides. L’un où l’on découvre l’endroit grâce aux explications du personnage de Walter Scott (avec l’accent et tout ce qu’on veut) et un autre, plus neutre, et plus facilement compréhensible. Je choisis tout de même la version « Scott » et je dois dire qu’elle est plutôt bien faite, même si en général je ne suis pas trop trop fan des personnalisations à outrance. Là, c’était juste ce qu’il faut. Vraiment, je me suis sentie « prise » dans l’histoire en apprenant, en contemplant la vue sur la Tweed depuis la grande salle à manger, que c’est ici que le romancier est mort, en 1832. Je sors de la bâtisse en me disant que ça serait vraiment bien que je lise (ou du moins que j’essaye de lire) un de ses bouquins.
A l’extérieur, il ne faut pas oublier de jeter un oeil aux jardins d’Abbotsford. Tu penses château, tu penses forcément jardin propret et bien rangé. Mais non, celui-ci part dans tous les sens, et plus on grimpe, plus on a une jolie vue sur le château. Si on pousse un peu plus loin, on peut marcher jusqu’aux abords de la Tweed, la rivière qui traverse la propriété. Une petite chapelle, dans l’aile la plus récente de la demeure, peut aussi être visitée. Bien sûr, si vous avez le budget adéquat (environ 120 livres la nuit en bed & breakfast), vous pouvez aussi dormir à Abbotsford.
Balade le long de la Tweed, le fleuve des Borders
En sortant d’Abbotsford, je bifurque directement sur la droite pour suivre le petit chemin de la Borders Abbey Way, le long de la Tweed. L’une des hôtesses d’accueil d’Abbotsford me déconseille d’y aller à cause de la boue et tire une moue soucieuse en me voyant insister. Qu’importe, on verra bien. Ce chemin pourrait en fait me mener jusqu’à Dryburgh Abbey, où Walter Scott est enterré, et j’en ai bien envie parce qu’après la visite, je suis devenue un peu groupie. Mais c’est un peu loin, je ne marcherais donc que jusqu’à Melrose pour visiter sa jolie abbaye. Il faut compter environ une heure de marche. Pas de pièges sur ce parcours, et en prime, on peut observer plein de pêcheurs, au milieu de la rivière, qui traquent les saumons. La promenade est également jalonnée de jolis ponts…
Sous les arcades de Melrose Abbey
La marche s’achève sous un magnifique soleil d’automne et j’arrive à l’abbaye « par derrière », sans découvrir le village. Fondée par des moines cisterciens tout droit venus de France au 12e siècle, l’abbaye est presque entièrement en ruines. Comme plusieurs bâtiments écossais, elle a été détruite, puis reconstruite, puis re-détruite… J’ai souri quand l’audio-guide m’a appris que le roi Richard II d’Ecosse avait commandité sa destruction… Avant de payer pour sa rénovation quelques années plus tard. Malin. Difficile de se rendre compte l’importance qu’avait à l’époque une abbaye de cette taille… On peut aussi profiter d’une très belle vue sur le village depuis le sommet de la ruine (pas d’inquiétude, ça tient).
Alors, c’est présenté comme un détail, mais un discret panneau explique que le coeur de Robert the Bruce (oui, le noble qui trahit Braveheart dans le film) est enterré à Melrose Abbey. En effet, dans la pelouse, on tombe sur cette petite pierre représentant un coeur. Mais j’ai dû demander des infos en sortant parce que, comme on peut le voir, ce n’est pas clairement indiqué que c’est bien le coeur du noble écossais qui se trouve enterré ici. En réalité, tout porte à croire que c’est bien le coeur de Robert mais certaines questions restent posées : pourquoi la relique d’un personnage de cette importance aurait été enterrée à l’extérieur, et pas dans la nef ? On m’explique que le musée en dit plus sur la question, mais malheureusement, il est fermé jusqu’à la fin de l’année…
Avant de reprendre le bus vers la gare de Tweedbanks, il me reste un moment pour faire le tour du village de Melrose, vraiment mignon. J’ai vaguement l’envie d’y passer une soirée tranquille à lire Walter Scott en terrasse… Mais mon train des Borders m’appelle et il est déjà l’heure de reprendre la route pour Edimbourg.
[su_box title= »Y aller » style= »soft » box_color= »#c07e8c » title_color= »#fefdfe » radius= »5″]- Prendre le train des Borders : 11,20 livres pour un A/R dans la journée hors heures de pointe, 16 livres pour un A/R n’importe quand dans la journée.
- Visiter Abbotsford : Ouvert tous les jours, de 10h à 16h ou 17h selon la saison. 8,75 livres pour les adultes.
- Visiter Melrose Abbey : Ouvert tous les jours, de 10h à 16h ou 17h30 selon la saison. 5,50 livres pour les adultes. [/su_box]
L’abbaye est très belle de l’extérieur ! Ça donne quoi à l’intérieur ?
Et surtout : comment t’as pris la photo de la toiture ?
Merci cher Arthur pour le TOUT premier commentaire sur ce blog !
Alors finalement il y a peu d’espaces « intérieurs », toute la nef est quand même bien détruite… Mais c’est une agréable sensation que de se balader dans une église à ciel ouvert…
Pour la photo d’en haut, facile, il y a un… petit escalier ^^ d’ailleurs cette partie-là, un peu préservée, a été faite, apparemment, par un artisan français. TIENS TIENS.
Merci Sarah pour ce bel article qui fait vraiment rêver !
J’irais faire un tour, peut-être après avoir lu un bouquin de Walter Scott 🙂
Cheers