De Glasgow, on entend à peu près tout. On la place souvent en opposition avec Edimbourg, la riche, la distinguée, quand Glasgow est dite plus populaire, plus « white trash », mais plus festive aussi, plus brûlante. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la ville aurait perdu près de la moitié de ses habitants. Fermetures d’usines, de mines, crise industrielle et portuaire. Dur. Mais la ville possède un charme auquel on peut difficilement résister. Allez, j’essaye de vous expliquer.

Une architecture à l’américaine dans le centre-ville

Assez rapidement, j’ai été marquée et intriguée par l’architecture de Glasgow, dont les bâtiments massifs, puissants, alignés sur un plan bien quadrillé dans le centre-ville, rappellent quelques villes de l’Est américain. L’autre truc qui me fait penser aux Etats-Unis, c’est le fait que chaque bâtiment est différent, en termes de style, d’allure, d’architecture. Ca donne des gros bâtiments alignés et pas assortis, style assez unique… Cette architecture donne du poids, de la constance, on sent qu’on est dans une grande ville, où on peut compter en « blocs ». On perçoit que la ville bouge, qu’on n’hésite pas, ici, à détruire, reconstruire. Dans Glasgow, les bâtiments « nouveaux » trouvent naturellement leur place. Nous sommes dans une ville d’architectes et c’est sans doute pour ça que la transition se fait sans heurts. Naturellement, parfois les « collages » d’architecture m’étonnent. Quand c’est une église accoudée à une tour des années 80, par exemple. Mais c’est Glasgow. C’est comme ça.
Contrastes.
Contrastes.
On en revient toujours à ça, à Glasgow, dans tous les domaines.

GlasgowGlasgow

Des monuments magiques à l’Est et à l’Ouest

Finalement, les vieilles pierres, c’est plutôt en périphérie du centre-ville qu’on les trouve. Là où il y a un peu plus de verdure. La découverte commence par l’immense cathédrale, du côté Est, près de la Nécropole dont je vous ai déjà parlé. Elle est entourée de vieilles tombes recouvertes par les herbes, par les caveaux de ceux qui avaient voulu payer plus pour ne pas être oubliés. C’est raté. Je ne m’attendais pas vraiment à être bluffée par cette cathédrale, mais franchement, elle est si grande, si vide, et on peut tellement aller partout… Je m’y suis sentie plutôt bien. Dans cette nef immense et vide et calme. Je ne pourrais pas partager d’anecdotes historiques, j’ai tout oublié, mais le passage dans cette cathédrale St-Mungo (le saint éponyme est enterré là, quelque part) fait selon moi partie des choses à faire dans la ville… Avec, bien sûr, la visite de la jolie Nécropole. Il y a une ambiance dingue, des gens pensifs qui regardent la vue. La belle vue, vers l’Ouest. La moche vue, vers le Sud-est et l’Est, où les quartiers sont plus brumeux, plus fades. La gigantesque brasserie. Contrastes encore.

Glasgow

A l’ouest, c’est la même histoire. Je me suis perdue dans les couloirs de l’université de Glasgow pendant un long moment, laissant émerger l’envie de redevenir une étudiante qui passe ses journées à voguer d’amphi en amphi, de bibliothèque à café feutré. Même sensation au jardin botanique. Tant de beauté. les formes arrondies des bosquets, des statues, de la grande serre, en opposition aux bâtiments aux angles coupants. Là, on est loin du Glasgow industriel, pauvre, miteux, photographié par Raymond Depardon en 1980. Comment une ville peut-elle perdre la moitié de ses habitants ? Comment se sent-on quand on reste ? Les vestiges du Glasgow riche, les déboires de la fin de son 20e siècle et sa renaissance actuelle peuvent se lire dans un même quartier, sur un même bâtiment.

Une concurrence entre Glasgow et Edimbourg ?

Pas le paragraphe le plus facile. Je regrette d’avoir mis tant de temps à visiter Glasgow, pourtant si proche d’Edimbourg. « Mais il y a tellement de concerts, de bars, c’est fou », me dit-on, et j’acquiesce. Dans mon auberge, j’ai vu quelques personnes revenir de Glasgow conquises, d’autres un peu effrayées. Tout le monde a un peu son idée sur Glasgow, c’est parfois même un peu gênant. Les Glaswégiens eux-mêmes ne tarissent pas de commentaires quand il s’agit de la compétition Edimbourg/Glasgow. Ils sont fiers de s’attribuer la palme des plus gros fêtards quand les habitants d’Edimbourg aiment faire comprendre que l’élégance a choisi son camp. C’est qui la plus belle, la plus vivante, la plus dangereuse. Faut-il trancher ?

Musée d'art moderne - Glasgow

Et nous, les expatriés, on a plutôt intérêt à ne rien dire. Moi, j’ai assez d’appétit pour les deux villes. J’ai été étonnée, tout de même, de me sentir « en terrain familier » à Glasgow, sans doute plus proche des villes françaises, également industrielles, auxquelles je suis habituée. Je réalise alors que Edimbourg, ma ville d’adoption, reste encore pour moi une ville « trop belle pour être vraie », où je dois me déplacer avec précaution. Etrange.

Une chose est sûre : il me faudra retourner « sur l’autre côte », voir Glasgow de plus près encore, et continuer à explorer Edimbourg pour en comprendre toutes les nuances. Affaire à suivre !