Il y a des fois dans la vie où tout ne se passe pas comme prévu. Tu te lèves et la journée semble être relativement normale. C’est le 6 mars. Un dimanche comme un autre. Mais tu sens que quelque chose se trame. Tu ne sais pas vraiment quoi.
Ton corps est tout faible et tremblant. Tu te mets à suer. Et soudain, ça te revient : les nachos du cinéma de la veille t’ont rendu malade et il te faut courir une énième fois dans la salle de bain. Mais cette fois ci, c’était la dernière. Normalement.
Tu demandes à ta femme de jouer l’infirmière tandis que toi même tu joues un peu au malade en lui demandant un thé sucré et un bouillon de riz. Au cas où.
Le thé est un échec. Trop parfumé et trop sucré. Chaque gorgée a le goût qu’avaient ces infâmes tortillas. Un genre de goût de carton qui certainement annonçait à ton corps que peut être elles ou le fromage qui les imbibait n’était plus bon, mais que tu as ignoré en te disant que la sauce salsa en masquerait le goût et que ce serait suffisant parce que tu avais vraiment trop faim pour faire le difficile.
Le bouillon de riz marche, lui. Il marche toujours. Tu vas mieux. Mais encore une fois, tu ressens quelque chose d’étrange dans l’atmosphère. Un je ne sais quoi. Mais tu n’arrives pas à mettre le nez dessus. Ton nez il est toujours dans ton bol de potage de riz. (Ma recette marmiton est en lien. Si vous pouvez mettre cinq étoiles vous seriez chou).
Le soleil dehors et le ciel bleu te remplissent d’une énergie insoupçonnée. Insoupçonnable même. Tu prends ton courage à deux mains et tu te lances dans une balade sur Arthur’s Seat parce que tu sais que ça te fait un bien fou.
Cette fois ci, juste, tu te contenteras des chemins du centre, ceux qui n’ont pas beaucoup de dénivelé. Tu regardes l’horizon, tu regardes le ciel, tu inspires et expire. Tu admires la vue mais tu ne te doutes pas un seul instant, naïf que tu es, de ce qui se prépare.
Tu rentres, il y a des gens à la maison. Quelque chose se trame dans l’air et ça se sent de plus en plus, parce que tu leur propose de faire un jeu de société. Ils acceptent. Tout se déroule plutôt bien mis à part que l’un des joueurs ne marquera pas un seul point de la partie. Comme si l’univers cherchait à nous avertir de quelque chose de spécial. Mais tu n’interprètes pas les signes. Pour toi, c’était une journée normale.
La soirée s’achève, chacun va se coucher. Mais toi, tu sens une activité encore forte qui agite ton cerveau alors tu prends ton téléphone et tu regardes Twitter.
C’est à ce moment que tu les vois. Tous les tweets. Ils défilent les uns après les autres. Tous à Edimbourg. Tous à montrer des photos de ce qui est en train de se passer. Une aurore boréale visible depuis la ville. Visible à l’œil nu depuis certaines parties même.
View from the toilet this evening #aurora #Edinburgh #AuroraBorealis pic.twitter.com/BCMLC9Bvge
— BainFamily (@BainFamily10) 6 mars 2016
Tu te lèves et tu vas à la fenêtre. Rien. Forcément. C’est alors que tu tournes en rond dans la chambre quelques secondes avant d’annoncer :
« Mets tes chaussures, il y a une aurore boréale, faut aller la voir. »
Tu croises les invités, ils se mettent en pyjama.
« Il y a une aurore boréale. Vous venez ? » « Ok, on s’habille ».
Tu pars préparer la voiture. Tout le monde arrive. Certains en pyjamas. Certains sans même savoir trop ce qu’ils font là, sortis en urgence de la douche.
Direction la plage. Il devrait y avoir moins de pollution lumineuse, penses-tu. Naïvement.
Le parking de la plage est étonnamment plus bondé que prévu. Des gens dans les voitures. Peut-être là pour la même raison que vous. Tu te sens comme ces chasseurs de tornades dans le *inserer un état plat des USA*. Tu es aussi très ému parce que c’est la première fois que tu vas les voir pour de vrai, les aurores boréales. Et en plus tu as de la batterie. Décidément tu es béni des cieux. Les étoiles sont alignées. Enfin peut-être. Tu ne les vois pas bien.
Vous vous avancez dans le sable. Les lumières de la promenade sont très fortes et leur halo vous masque une partie du ciel au nord. Mais en face, au dessus de Fife, vous l’apercevez. Un nuage clair. Vous clignez et froncez vos sourcils, jusqu’à deviner une teinte verdâtre. Ou en tout cas ce que vous voulez être une teinte verdâtre. Un débat n’arrive même pas à trancher la question.
Deux ovnis apparaissent au loin dans le ciel au dessus de la mer. Est ce un avion ? Non. Est ce un oiseau ? Pas vraiment. Ce sont deux mouettes. Oranges. Loin au dessus de la mer. Éclairées par ces satanées lumières orange dégueulasses qui ont certainement une portée de trois mille kilomètres. Vous vous résignez. C’est tout ce que vous verrez ce soir.
Vous vous promettez alors tous de garder le secret de cet échec. Après tout, si tout le monde dit qu’on a vu une aurore boréale qui nous contredira ? Il faut tous raconter la même version. Le secret disparaîtra avec nous. Dans nos tombes.
On a vu une aurore boréale. On l’a vue vous entendez ?! Et c’était magnifique.
Sinon, notre copine Sophie a réussi à faire des photos qu’elle partage sur son blog. Et voici un article du Scotsman qui donne un aperçu global de ce moment merveilleux ! Et pour mieux se préparer la prochaine fois, on gardera un oeil sur les cartes et les prévisions de Jérôme sur Aurora Maniacs…
Va falloir que je surveille les cartes car en Irlande aussi il y commence à en avoir! Mon rêve!!!!Je peux pas passer à côté sous prétexte que « je savais pas, j’étais au pub! »